Chris Marker, ma double rencontre.

Par Catherine BELKHODJA.

Le hasard sonne toujours deux fois.

Je n’ai jamais su exactement pourquoi Chris m’avait choisie comme muse.
Je n’ai pas non plus compris pourquoi il m’avait proposé de devenir Laura.


Hormis son légendaire battement de paupières, la Jetée était une fiction présentée exclusivement sous forme d’un montage d’ images fixes ayant fait aussi plus tard l’objet d’ excellentes éditions.

Chris avait réalisé auparavant un court métrage de fiction: lAmbassade *[2] … mais personne ne pouvait l’écrire, sous peine de déflorer le principe même du film: un faux reportage.

Pour Level Five, son premier – et unique long métrage de fiction,*[3]  le processus était très différent : Chris avait porté ce projet bien longtemps avant d’ écrire le scénario. Pour Chris, écrire était toujours une épreuve, me confiait-il. Il était soulagé enfin d’avoir réussi une version satisfaisante. Hélas, en allant un jour au restaurant, il avait égaré son unique exemplaire. Ce scénario lui tenait tellement à coeur qu’il n’avait pas hésité à le réécrire de mémoire, bien des années plus tard. Puis, faute de trouver l’actrice pour incarner Laura, il avait laissé ce projet de film en suspens pendant plusieurs années et avait réalisé un nombre considérable de documentaires.. Je me suis souvent demandée pourquoi Chris n’avait pas choisi Laura parmi les actrices douées et très célèbres qu’il fréquentait.

Il faut croire que ce film mattendait.

Alors que bien des réalisateurs acceptent les suggestions – ou les pressions- des producteurs, des distributeurs ou des chaînes de télévision pour établir leur casting, Chris était déterminé: Level five se ferait avec moi où il n’y aurait pas de film. Même Anatole Dauman, * [4] son producteur attitré, n’avait pas réussi, malgré ses nombreuses tentatives, à lui faire entendre raison. Chris restait de marbre.


Je n’avais à l’époque aucune stratégie de carrière et envisageais ma vie plutôt comme un enchaînement de belles rencontres, de hasards, de passions intellectuelles ou artistiques partagées. J’avais une grande soif d’apprendre et de voyager, et pratiquais en alternance divers métiers: une façon comme une autre de satisfaire mon insatiable curiosité et d’ assurer en même temps la responsabilité de ma petite famille.

Nous ne venions pas du même milieu. Notre rencontre était tout à fait improbable. * [5]

Le château de l’araignée.
Pourtant le hasard nous a fait le cadeau d’une double rencontre.

La première, au Château de l’araignée- Merci Kurosawa-

La seconde lors d’une chute de livres à la Bastille…Comme le chantait son ami Yves Montant : à bicyclette * [6]

Notre première rencontre s’est soldée sur sa disparition en moto: J’avais égaré ses coordonnées,  notées sur une feuille volante. * [7] . En réalité , je pense que j’étais bien trop jeune et trop timide pour oser le rappeler. A l’époque, je menais une vie de bohème et n’avais pas vraiment d’adresse fixe et encore moins de téléphone.
La deuxième rencontre a eu lieu, quelques années plus tard, et a débuté par un accident de vélo et l’ éparpillement de mes livres sur le macadam. …mais je dois relater d’abord le contexte:

Alger-Paris sans passer par Moscou
Lorsque j’étais pensionnaire au Lycée Descartes * [8] , mes parents m’accordaient, pour ma sortie hebdomadaire, le privilège de les accompagner à la Cinémathèque, qui voyait défiler les plus grands cinéastes du monde. Les débats à la sortie des séances me passionnaient. On racontait que la meilleure école de cinéma se trouvait à Moscou. Je m’étais donc préparée à partir en Russie en suivant des cours à l‘ Institut culturel russe d’Alger, où en classe, j’avais été baptisée Katiouchka. Je rêvais d’ étudier le théâtre, la philosophie, les Beaux arts et le cinéma. Comme j’étais bonne élève au lycée, mes parents avaient déjà programmé mon futur, sans même me consulter. Ma seule alternative était de choisir médecine, comme toutes mes cousines, ou devenir avocate. Nous n’étions pas tout à fait sur la même longueur d’ondes.

La grève de la faim

Après d’incessantes discussions, je n’ai pas eu d’autre solution que d’entamer une grève de la faim pour obtenir gain de cause. Mon père tentait de me dissuader en m’apportant de délicieux petits plats pour me faire craquer. Heureusement, à l’époque, je n’étais pas gourmande…
Malgré la très forte autorité de mon père, ses menaces ou ses promesses, je voulais choisir moi-même. Il en allait de ma vie.
J’ai donc tenu bon jusqu’à l’ouverture des négociations et ai obtenu le droit d’ étudier aux Beaux arts, à condition de réussir le bac français et le bac algérien la même année. * [9]
A la clef, si je les obtenais tous les deux, me serait généreusement octroyé le droit de quitter la maison et de poursuivre mes études à l’étranger.
J’étais heureuse de peindre toute la journée. En contrepartie, je devais bachoter le soir. Je suivais des cours par correspondance mais avais exigé d’ organiser mes révisions comme je l’entendais. En revanche, mon père s’opposait totalement à ce que je parte plusieurs années suivre des cours de cinéma à Moscou. Je n’avais que seize ans: encore mineure, j’avais dû obtempérer.
J’ignorais tout des inscriptions en faculté. Arrivée à Paris, je fus mise devant le fait accompli: mes parents m’avaient malgré tout inscrite en médecine!
Tant que je devais jongler avec les mathématiques, cela ne représentait pas un grand effort, mais dès la première dissection de souris, j’ai tourné de l’œil et me suis enfuie pour rejoindre l’École des Beaux arts et jouer le soir dans une petite troupe de théâtre d’avant-garde.

Le château de laraignée de Kurosawa  
J’ai alors saisi au vol l’opportunité d’un stage de cinéma organisé pour les jeunes par Dominique Païni à Travail et Cultures. Chris Marker y présentait le film Le château de laraignée, d’Akira  Kurosawa, pour qui il avait une grande admiration. Chris, à l’époque,  acceptait encore d’animer des débats en fin de séance. Nous avions poursuivi notre discussion et il m’avait laissé ses coordonnées avant de disparaître sur sa moto. Je vivais alors dans une petite chambre sans téléphone et n’avais jamais osé le rappeler.

Taxi avec Philippe Alfonsi
Bien des années plus tard, j’ai su par Philippe Alfonsi, qui m’avait engagée pour présenter l’émission Taxi, que Chris appréciait beaucoup notre émission. Chris donnait souvent son avis sur ce qui était présenté sur Arte. Il râlait quand quelque chose lui déplaisait mais savait aussi se montrer élogieux si une émission l’intéressait particulièrement. Il ne s’était pas trompé car notre émission a raflé un sept dor pour notre concept totalement novateur.

La philosophie à la télévision
Un an après Taxi, alors que je tentais de trouver un producteur pour lancer une émission de philosophie, je m’étais rendue chez FIP présenter mon concept à Jean Pierre Ramsey. A cette époque, malgré toutes mes tentatives, aucun producteur ne voulait produire une émission de philosophie. Philippe Alfonsi s’était montré intéressé mais n’avait finalement pas donné suite.
Les réponses  négatives se succédaient. Les producteurs pensaient que « la philosophie n‘était pas vendable » Pourtant, nous avions mis sur pied avec Marc Sauter des rendez vous réguliers dans des cafés-philo qui avaient beaucoup de succès. Je restais fidèle à moi-même puisque déjà, aux États généraux de la philosophie à la Sorbonne, j’avais proposé qu’on crée des cours de philosophie spécialement adaptés aux collégiens ou écoliers en primaire. Etienne Balibar avait trouvé l’idée intéressante mais L’Éducation Nationale n’avait pas suivi. J’espérais que la Télévision française compense ces lacunes, mais les portes restaient irrémédiablement fermées.

Bien plus tard, Les émissions de philosophie ont fini par voir le jour à la télévision.
Avoir l’initiative de proposer très en amont des concepts novateurs, est toujours à double tranchant: au début, il faut entériner le fait que les producteurs sont parfois frileux: on reçoit beaucoup de refus et il faut malgré tout persévérer. Mais l’idée fait son chemin et parfois, quelques semaines ou bien des années plus tard, le contexte est différent et le projet peut exister. On se garde bien, alors, de nous contacter pour nous prévenir. On découvre brusquement que le concept est lancé avec des personnes « parachutées » ou plus médiatiques afin d’obtenir plus d’impact.
C’ est aussi ce qui était arrivé avec ma proposition « d’échanges de vies » qui ne s’est concrétisée qu’une vingtaine d’années plus tard.

De même, dans le domaine de la fiction, on doit prospecter pour financer des projets qui nous tiennent à cœur. Afin d’avoir toutes ses chances, le projet doit forcément circuler et, s ‘il n’est pas « verrouillé » , on le retrouve avec quelques variantes ici ou là. A l’époque, je voulais bousculer l’image stéréotypées des mères de familles  en proposant des personnages de femmes fortes et entreprenantes, conjuguant travail et maternité. J’avais pu créer trois personnages de femmes, dont le seul point commun était de vivre en préservant autonomie, liberté et indépendance en conciliant leur activité avec leur maternité.

Mon premier était une danseuse orientale.

Orlando, le frère de Dalida, cherchait de jolis rôles pour sa sœur. Dominique Besnéhard avait organisé un dîner avec lui pour que je lui présente ce scénario et nous étions tous les trois sur la même longueur d’ondes. Orlando était très intéressé et il est évident qu’avec Dalida, le montage financier était d’avance assuré. J’ hésitais néanmoins à vendre mon scénario car je tenais beaucoup à interpréter ce rôle moi même, d’autant que je pensais confier l’autre rôle important de l’enfant à ma propre fille, qui jouait déjà au théâtre sous la direction d’Antoine Vitez et de Daniel Mesguich et s’avérait déjà une actrice très prometteuse.

Mon second était une aventurière, mère de famille nombreuse.

A ma connaissance, cela n’avait pas encore été vraiment proposé au cinéma.  J’avais dû naturellement faire circuler le scénario, écrit à deux, avec le risque de pillage que cela comporte. J’étais encore très naïve et pensais pouvoir en assurer la réalisation, alors que j’étais totalement débutante en fiction et n’avais jamais suivi de cours de réalisation. Je m’obstinais et étais impatiente de brûler les étapes mais sans production ou financement personnel , ce n’était pas envisageable. A l’époque, je n’avais pas encore créé ma propre société de production. Comme j’étais très têtue, il n’y avais pas d’échappatoire pour les producteurs:  le sujet les intéressait mais je n’offrais pas les garanties indispensables pour qu’ils acceptent de produire directement mon premier long métrage, sans passer par la case court métrage, ou au moins assistanat.

Ce personnage – trop en avance sur son temps -a effectivement surgi quelques temps plus tard avec des réalisateurs chevronnés et des actrices réputées. La production s’était contentée de dire que le sujet « était dans l’air » . C’est d’ailleurs ce qu’on répond, la plupart du temps, quand des inconnus proposent des idées intéressantes et que le sujet n’est pas assez protégé. Il suffit au lecteur-adaptateur de modifier quelques détails et à moins d’un procès – perdu d’avance si on vient de nulle part- il est difficile de revendiquer la paternité – et encore moins la maternité- d’un  scénario. D’autant que les réalisateurs à qui on propose un synopsis ignorent souvent le nom du scénariste à l’origine du projet, et les producteurs n’ont pas toujours la délicatesse de les informer. Pas d’autre solution que de garder espoir en proposant de nouveaux projets … jusqu’à ce que -de guerre lasse- on s’oriente vers d’autres solutions.

Quand on est totalement autodidacte, c’est très difficile d’obtenir l’ accord d’une production.
Si on a un beau scénario, il vaut mieux tenter d’avancer étape par étape : accepter dans un premier temps de confier le scénario à un autre, pour faciliter , lors du projet suivant, la possibilité d’obtenir carte blanche pour la réalisation.  Mais à vingt-cinq ans, on croit encore que tout est possible et qu’on peut passer directement de l’écriture d’un scénario à la réalisation d’un long métrage de fiction !


Comme la fiction nécessitait un budget dont je ne disposais pas, la seule alternative pour moi était d’apprendre les rudiments de la réalisation en passant par le reportage et le documentaire.
J’emmenais mes filles sur mes tournages car j’aimais ces moments de fusion entre famille et travail. Elles ont grandi en partageant mon amour du cinéma et pour elles, les tournages ont suivi tout naturellement: initiées dès leur plus jeune âge, elles en connaissaient déjà le langage et étaient déjà familiarisées avec les obstacles à franchir, lorsqu’on veut mener à bien un tournage.
Même en étant totalement autodidactes, elles ont pu s’imposer dans le métier car elles en possédaient déjà un peu les codes.

Mon troisième personnage était routière.

Cela n’existait pas à l’époque. J’ignorais alors que ma route serait si chargée de détours et d’imprévus.

La légende du siècle

La légende du siècle avec Roland Castro
Après l’émission Taxi, Roland Castro m’avait recrutée pour collaborer à la Légende du siècle. C’est en me rendant justement à la conférence de rédaction que j’ai rencontré de nouveau Chris: Le hasard  nous offrait une seconde chance.

A bicyclette Deuxième rencontre avec Chris
J’ arrivais en bicyclette et avais freiné un peu trop brusquement à l’entrée. Tous les livres que j’avais emportés dans mon petit panier s’étaient  répandus au sol. Comme mon bébé Léonor était sur mon vélo, je n’osais pas mettre pied à terre de crainte de la faire basculer. Un homme a ramassé  spontanément mes livres : c’ était Chris . Nous étions tous les deux très heureux de ces retrouvailles. J’ai su ensuite que Jean-Pierre Ramsey l’avait contacté peu de temps après ma proposition, pour lancer une série sur la philosophie. 

L héritage de la chouette

Lhéritage de la chouette sur ARTE
Son projet s’est concrétisé grâce au soutien du milliardaire grec Onassis et est devenu  « LHéritage de la chouette,  une série de treize épisodes consacrés à la Grèce antique dans la pensée occidentale, soutenue par Thierry Garrel. Chris m’avait alors proposé de faire partie du banquet de Platon, pour tenir une place de muse en compagnie, entre autres, de Castoriadis et de Jean Pierre Vernant dont j’avais été l’élève, en licence de philosophie. [10]. Je me souviens d’ailleurs que pour créer ce personnage de muse, je m’étais plus ou moins déguisée, accompagnée d’une lyre qui ponctuait parfois les débats.


Muse au banquet de Platon

Parmi les neuf muses olympiennes, j’en avais choisi trois qui avaient une lyre comme attribut. Je m’étais donc inspirée d’Erato,   Terpsichore, et Thalie. J’avais, pour l’occasion,  trouvé une grande robe imitant plus ou moins les drapés de la Grèce antique et relevé mes cheveux. Je ponctuais les discours des philosophes en pinçant quelques cordes.

Rejoindre le tournage s’était avéré assez compliqué car le gardien des Beaux arts ne voulait pas me laisser passer. Pour ne pas arriver en retard sur le tournage, j’avais dû employer des ruses de sioux pour forcer le barrage et arriver à l’heure sur le plateau. Pour notre première collaboration, mon arrivée était assez rocambolesque : le gardien des Beaux arts , soucieux de respecter les consignes, interdisait à quiconque de pénétrer dans l’aile droite des Beaux arts et voulait à tout prix m’empêcher de rejoindre le tournage. Au milieu de tous ces philosophes, cette course-poursuite était assez épique, et dans la pure tradition du burlesque.

Le château du Sauvage

Getting Away with it au château du Sauvage, un clip  pour Electronic
Quelques mois plus tard, Chris me proposa un tournage au château du Sauvage[11] avec pour partenaires des émeux et des wallabys[12]. Michael Shamberg lui avait passé commande d’un clip  pour le groupe Electronic. Pour l’occasion , le groupe était formé de Bernard Summer du groupe New Order, de Johny Marr (Smiths) et de Nell Thenant ( Pep Show Boys).  La chanson était Getting Away With It . Plusieurs versions de ce clip existent et ont été présentées dans différents musées ou galeries. J’ ai une tendresse particulière pour la version « bande dessinée » que Chris avait réalisée spécialement pour me faire plaisir. Par ailleurs le groupe souhaitait aussi une version dans laquelle le chanteur apparaissait davantage à l’image, en supprimant une partie des images tournées par Yves Angélo, Chris assurant la direction d’acteurs auprès des émeus. Leur grand bec m’impressionnait. Je n’osais pas beaucoup m’approcher mais dès que la caméra tournait, je n’avais plus peur. Le phénomène s’était déjà produit lors d’un tournage avec une panthère noire  qui n’était pas tenue en laisse et se tenait à mes côtés pendant les prises.  Chaque fois que la caméra tournait, j’étais concentrée sur mon texte. Mais dès que j’entendais «  Coupez ! », j’étais transie de peur et tremblais comme une feuille. Je ne savais pas encore que mon futur partenaire serait un crocodile…                                          

Catherine Belkhodja


 [1] Ciné-roman « La jetée » . Editions Zone Books 1992 ( New York)
                                                Rédition en 2008. ( New York)
                                                Edition française 2008 aux éditions de l’Eclat.

 [2] L’ambassade est un court métrage de vingt minutes tourné en super-huit dans l’appartement de l’artiste Lou Laurin Lam en 1973. Non prévenu, le spectateur imagine que l’action se passe après un coup d’Etat en Amérique du Sud. Bien qu’il y ait eu la participation – entre autrres- de Florence Delay, Paul et Carole Rousopoulos, Michele Laurent , Edouard Lunz, Pierre Camus et Paul Flamand, beaucoup ignorent encore que ce film est une pure fiction.
Pour l’occasion , Chris Marker avait juste reçu une caméra Kodack XL et de la pellicule, afin de participer au festival Super huit du Ranelagh organisé par Jérôme Diamant Berger, Dimitri Davidenko et Yves Rollin.

[3] coproduit par Argos Films, les films de l’Astrophore et KAREDAS et acheté par la suite par ARTE.

[ 4 ] Argos films

[5] Fils de banquier, il était né à Neuilly. Je venais d’une cité d’urgence de Gennevilliers.

[6] La bicyclette, paroles de Pierre Barouh. 1968

[7] La feuille volante s’est envolée !

[8] Lycée français d’Alger

[9] Le programme était très différent et me donnait un surplus de travail, ajouté aux devoirs que nous avions à rendre chaque jour à l’ Ecole des Beaux arts: des dessins à la plume ou au rapidographe qui nécessitaient eux aussi des heures considérables de travail.

[10]  à Paris 1. Sorbonne.

[11] 03150. Crechy

[12] Kangourous de petite taille, de diverses espèces.

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Avatar de jean pierre Carrier

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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