Parcours documentaire – Bernstein Catherine

La Guerre de 39-45 – Mona Osouf – Le Chemin de fer – 3 étapes des documentaires de Catherine Berstein

La guerre de 39-45, La nazisme et les déportations ; l’occupation et Vichy.

L’histoire d’une famille, une famille juive, à travers l’évocation d’un de ses membres, Odette Fanny Bernstein, la grand-tante de la réalisatrice. Une histoire familiale prétexte à aborder l’Histoire de la France de l’entre-deux-guerres et de l’occupation. Un film historique donc, mais construit comme le récit d’une recherche de l’histoire familiale. Une enquête précise sur la politique du gouvernement de Vichy vis-à-vis des juifs en France.  En même temps, la reconstitution d’une destinée individuelle qui devient le symbole du sort des juifs de 1940 à 1943. Une histoire personnelle qui ajoute à la connaissance historique toute l’émotion dont est capable le cinéma.guerre de 39-45. Le nazisme et les déportations ; L’occupation et Vichy.

(Assassinat d’une modiste, 2005)

Mona Osouf. Un portrait parmi tant d’autres.

Le film de Catherine Bernstein est au fond un autoportrait, même si Mona Ozouf n’en assure pas la réalisation. Mais elle occupe l’image du début à la fin. Elle apparaît à l’image presque toujours dans le même cadrage. Et elle parle. Un monologue où la cinéaste n’intervient oralement qu’en une ou deux rares occasions. Pourtant la philosophe ne se parle pas à elle-même. Elle s’adresse bien à des interlocuteurs potentiels. La réalisatrice ajoute même des séquences où la parole de Mona Ozouf est enregistrée et diffusée en off. Des passages où la philosophe veut visiblement exprimer sa pensée avec le plus de rigueur et de précision possible. Du coup, le film peut être considéré comme un bilan. Le bilan d’une œuvre et d’une vie. Ce qui reste au fond particulièrement paradoxal. Dans l’incipit du film, Mona Ozouf dit sa réticence à être filmée, son hésitation à accepter le projet de la cinéaste. Et pourtant, elle joue le jeu avec une grande sincérité et beaucoup e spontanéité. Preuve que la cinéaste a gagné sa confiance. Et réussit à transcender le présent en éternité. Dans le film, Mona Osouf est immortalisée.

(Les identités de Mona Ozouf, 2020)

Le chemin de fer. La construction sous le colonialisme de la ligne Congo-Océan.

Une dénonciation sans appel du colonialisme français en Afrique.

La construction d’une ligne de chemin de fer reliant Brazzaville à la côte atlantique. Une entreprise pharaonique, une hécatombe humaine.

Il faut de la main-d’œuvre, beaucoup de main-d’œuvre. On la trouve sur place et lorsqu’elle est insuffisante, on va plus loin, jusqu’au Tchad. Et on recrute de force. Petit à petit cependant, les Africains sont avertis. Partir sur le chantier du chemin de fer, c’est aller à la mort. Alors ils essaient de se cacher. Ils fuient dans la brousse. Mais malheur à ceux qui se font prendre.

Le film de Catherine Bernstein suit minutieusement les étapes de l’évolution du chantier. Côté français, la direction du projet, les difficultés financières, le dispositif administratif mis en œuvre, mais aussi les hésitations ou la marche en avant coûte que coûte. Côté africain, les morts, plus de 20000 sans doute, les souffrances du travail, ces hommes qui ne sont pas loin d’être considérés comme des bêtes. Le colonialisme n’est jamais remis en cause. Même par ses intellectuels, Gide par exemple qui, lors d’un voyage au Congo va s’alarmer des conditions réservées aux africains, ce qu’il dénonce avec force dans la presse française. Les autorités seront alors forcées d’humaniser un peu les conditions de travail, en particulier en introduisant le machinisme qui soulage l’homme des travaux les plus durs. Mais il faut achever coûte que coûte le chantier, c’est une question d’honneur national.

(Congo-océan, un chemin de fer et de sang, 2023)

Avatar de jean pierre Carrier

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire