Pôle Nord mortel

Tombeau de glace. Robin Hunzinger. 2024, 78 minutes.

Un film froid. Glacial même. Un film qui se passe sur la banquise. Près du Pôle Nord. Ou du moins qui vise le Pôle Nord. Qui espère l’atteindre. Le Pôle Nord, un mythe qui a hanté l’imaginaire des hommes pendant tant d’années. Atteindre le pôle Nord, tout faire pour. L’aventure par excellence. Le prototype de l’inconnu.

Le film de Robin Hunzinger raconte cette histoire, cette folle aventure de trois savants suédois, qui montèrent une expédition pour survoler le pôle Nord à bord d’un ballon à hydrogène. Le Pôle Nord, ils n’y arriveront jamais. Et ils n’en sont pas venus.

Le film suit avec une grande précision toutes les étapes de l’expédition. La préparation d’abord, avec la construction d’un hangar pour mettre à l’abri le ballon en attendant que les vents soient favorables. Un premier hiver d’attente. Ce ne sera qu’en juillet 1897 qu’il pourront décoller.

Trois jours après ce départ, on perd leur trace. On ne trouvera les restes de l’expédition, les corps conservés dans la glace des trois hommes, que 30 ans plus tard. Que leur est-il arrivé ? Bien sûr, on ne peut faire que des hypothèses. Mais en découvrant les restes du ballon sur la banquise, ce sont tous les objets qui avaient été rassemblés par les explorateurs et surtout des rouleaux de pellicule qui vont révéler des clichés magnifiques de paysages glacés, des photos plus ou moins nettes, avec plus ou moins de grains, mais des traces fascinantes de cette folie que représente, au dix-neuvième siècle, l’attrait du pôle Nord.

Avec la fonte actuelle des glaciers due au réchauffement climatique ce film historique prend une dimension des plus contemporaines. D’ailleurs, le cinéaste accompagne les images d’archive – en noir et blanc bien sûr – d’images actuelles en couleur, de blocs de glace s’effondrant dans la mer. Le Pôle Nord ne sera plus jamais cet inconnu terrifiant, mais fascinant pour toute une époque. Preuve, les images du retour des restes de l’expédition en Suède. Et de l’enterrement des restes des trois hommes devant une foule énorme. Sans avoir réussi leur pari. Ils étaient devenus des héros de tout un peuple. De tout un pays. Et le film sait parfaitement nous faire revivre cet attrait de l’inconnu. Et son parfum d’aventure.

Festival International du Film d’Histoire. Pessac, 2025.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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