La ferme des Bertrand. Gilles Perret, 2023, 87 minutes.
Il y a même des agriculteurs heureux. Par les temps qui courent c’est plutôt rare, même au cinéma.
Certes les Bertrand que filme Gilles Perret soulignent la dureté des conditions de travail et les difficultés de transmission de l’exploitation, mais ils ne se plaignent pas de la baisse des revenus ou des contraintes réglementaires imposées par l’Europe. Et puis la jeune génération a opéré avec succès le passage à la technique et même aux nouvelles technologies. Le film multiplie les plans sur les engins, les gros tracteurs ou les machines presque futuristes qui ramassent l’herbe dans les prés où le distribuent aux vaches dans l’étable. Il y a même un ordinateur qui suit à la trace chaque vache et qui décide ce qu’il faut leur donner à manger. L’intelligence artificielle n’est pas loin. Bientôt dans l’étable, un robot fera tout le travail. Ou presque.
Gilles Perret connaît les Bertrand depuis toujours et les a déjà filmés (3 frères pour une vie, 1999) dès le début de sa carrière de cinéaste et à plusieurs reprises depuis. Le film actuel est un mélange des images du passé et du présent, celles filmées hier et celles d’aujourd’hui. Il ne s’agit pas de rentrer dans le couplet trop attendu du « c’était mieux autrefois ». Ni même de dresser une ode à la modernité et au progrès. Il s’agit plutôt de montrer des différences, de mesurer en quelque sorte le chemin parcouru, les évolutions de toute façon irréversibles. La vie paysanne tout simplement, sur 4 générations, un regard amical sur les plus âgés comme sur les plus jeunes à qui Perret donne la parole à tour de rôle. Il intervient souvent en dialoguant avec eux en toute simplicité, sans jamais rien imposer.
Dans la déjà longue liste des films consacrés au monde paysan, de Rouquier à Depardon pour ne citer que les plus importants, La Ferme des Bertrand occupera une place de choix. Le film de Perret n’apporte pas vraiment un regard neuf quoique l’insistance sur la technique n’est pas sans intérêt. Il filme comme beaucoup la beauté des paysages de montagne, la neige l’hiver, les fleurs au printemps. Il montre l’amour des bêtes de ces éleveurs dont les plus anciens connaissent chaque vache du troupeau par son nom. Son film sent bon l’amour de la montagne et du pays natal. On est loin de l’engagement auprès des Gilets Jaunes et de la France Insoumise.
Fipadoc 2024 Biarritz

Jean-Pierre, quelle coïncidence, je viens à l’instant de voir La ferme des Bertrand » : un vrai délice, ces hommes si consciencieux tant avec les prés qu’avec les bêtes tout au long des saisons, heureux même si des regrets pointent sur leur vie de garçons. J’ai souvent souri car ce film sent le bonheur malgré la rudesse et cela m’a renvoyé aussi à mes vacances à la ferme entre les moments de fenaison et ceux à l’écurie. A une prochaine.
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