Solidarité en Calabre.

UN village en résistance. Sue Aiello et Catherine Catella, France-Belgique-Italie, 2023, 75 minutes.

Vous souvenez-vous de Riace en Calabre, un village filmé par Sue Aiello et Catherine Catella dans le film Un paese di Calabria ?

L’histoire de Riace peut se résumer en 3 étapes. 1 la mort à petit feu du village, la fuite de la population, surtout des jeunes, les rues désertes, les maisons vides. 2 L’arrivée, presque par hasard, de réfugiés, leur bateau s’étant échoué sur la plage près du village. 3 Le repeuplement, les émigrés lui donnant un nouveau souffle de vie. Ils apprennent l’italien, ils travaillent, ils s’intègrent. Bref grâce à eux Riace revit. Mieux, le village prospère.

Mais l’arrivée au pouvoir en Italie de l’extrême droite va ouvrir un quatrième acte de l’histoire de Riace, un acte beaucoup moins glorieux. C’est le maire, Domenico Lucano et à travers lui toute l’économie du village, qui va faire les frais de la vague de populiste qui sévit en Italie.

Dominico lucano va être l’objet de toute une série de poursuites débouchant sur un procès. Dans un premier temps il est interdit de séjour dans son propre village. Le film va suivre pas à pas ces procédures, se centrant sur le vécu du maire, ses réactions et ses relations avec ses concitoyens. Bien sûr ils ne sont pas tous favorables à sa politique d’aide aux réfugiés, mais une bonne partie du village est là pour le soutenir dans les épreuves. Ils ne l’abandonneront pas jusqu’au dénouement. Condamné dans un premier temps à 13 ans de prison, une sentence tout à fait disproportionnée, Domenico sera finalement blanchi en appel. Mais les épreuves ont laissé leur trace. Domenico se sent quelque peu brisé, fatigué en tout cas. Il lui faut prendre un repos bien mérité.

Le portrait que tracent les cinéastes du village de son maire a très clairement une grande portée politique. Il dénonce la collusion entre la justice et l’extrême droite. Et puis il nous montre aussi que la résistance est possible, qu’il est possible de ne pas accepter qu’une idéologie détruise la réussite d’une politique humaniste de solidarité.

FIPADOC 2024 Biarritz