Jours de chasse en montagne.

Le fils du chasseur. Juliette Riccaboni. Suisse, 2023, 59 minutes.

2 ou 3 jours dans la vie d’un jeune homme Suisse. 2 ou 3 jours à la chasse dans la montagne avec son père. Une parenthèse.

Le fils du chasseur est un film vide. Pas creux, vide ce n’est pas du tout la même chose. On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien. Il y a le temps qui passe, il y a la nature et la montagne, quelques animaux, chevreuil, biche, chamois, une truite, mais pas dans le viseur du fusil.

Un film qui tend vers le vide, dont la trame narrative nous conduit au vide. Une pure ligne narrative. Avec son départ et son retour, son ouverture et sa clôture et à la chasse le gibier qui ne vient pas. Il y a bien un coup de feu, mais qui ne tue rien ni personne, qui nous dit simplement que nous sommes à la chasse. Mais on pourrait être dans un dans un stand de tir ou dans une fête foraine ça reviendrait au même. Dans le film on ne tue pas les animaux.

Dans ce film vide il y a pourtant des personnages, les copains de Samir dans une sorte d’avant-propos qui annonce le projet de chasse ; la mère de Samir qui n’a droit qu’à une petite apparition. Il y a l’ami Charlot qui reçoit dans sa cabane de montagne, et Samir et son père le chasseur. Les relations père-fils semblent totalement inexistantes, en tout cas elles ne font pas l’objet du film. Ou alors le film pourrait nous dire justement cette non-relation. On ne sait rien du père, pas grand-chose de son fils aussi. Le père vient à la montagne pour chasser, rien d’autre. Le fils vient à la chasse pour voir son père. Ils passeront de longs moments à attendre le gibier ensemble, silencieux, Samir s’endormant presque. La chasse, lorsqu’il n’y a pas de gibier en vue n’est-ce pas une image du vide.

Le vide dans le film, ce n’est pas l’absence. Le père est là bien présent à la chasse même si elle ne dure que 2 jours. Mais on n’assistera pas à son départ. Il s’évanouit dans la montagne sans laisser de traces. Si on était dans une BD l’histoire se terminerait par une case vide. Samir retrouve sans doute sa mère et ses amis, mais le film ne boucle pas la boucle. Il reste la montagne. Ultime béance.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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