De l’autre côté, Chantal Akerman, Belgique-France, 2002. 99 minutes.
Une frontière, dans le sud des Etats-Unis. D’un côté il y a ceux qui ont tout et de l’autre ceux qui n’ont rien. On comprend aisément alors que ceux qui sont du mauvais côté veuillent passer « de l’autre côté », pour trouver des conditions de vie meilleures, échapper à la misère et à la faim. Ils sont prêts à tout, à risquer leur vie s’il le faut, car bien sûr, les riches font tout pour les repousser, pour ne pas être envahis, comme ils disent.
Chantal Akerman aborde le problème de l’immigration clandestine des deux côtés de la frontière, au Mexique et en Californie. Du côté sud, au nord du Mexique ses rencontres sont éloquentes. Un jeune Mexicain qui raconte comment son frère a péri avec la majorité de ses compagnons dans le désert où ils s’étaient perdus. Elle rencontre ensuite une vieille dame et son mari. Eux, ce sont leur fils et leur petit fils qui sont morts en voulant aller au nord. Elle interroge aussi un garçon de 14 ans, pris sans papier et qui a été mis en prison avant d’être envoyé dans un orphelinat. Il n’a qu’une idée, tenter sa chance à nouveau. Comme ce groupe de clandestins qui ont été recueillis et nourris mais dont la situation est bien précaire. Une suite de véritables tragédies.
De l’autre côté le ton change. La transition est brutale avec ce panneau, « Halte à la montée du crime. Nos propriétés et notre environnement sont détruits par l’invasion. » Le patron d’un petit restaurant est le plus nuancé. Il affirme éprouver de la compassion pour les immigrés. Un homme plus âgé lui n’a pas de sentiment. Puisqu’on vient l’agresser en rentrant sur son terrain malgré l’interdiction, il n’hésitera pas à utiliser son fusil pour se protéger. Le shérif fait appel à la loi et à la valeur pour lui fondamental de la constitution américaine, la propriété. En Californie du sud le mur et la surveillance policière ont rendu la frontière de moins en moins facile à franchir. Ils sont pourtant toujours aussi nombreux à tenter leur chance. On le sait depuis le début du film, beaucoup n’en reviennent pas.

