Feux d’artifice.

Un pays en flammes. Mona Convert, 2024, 70 minutes.

Aimez-vous les feux d’artifice ? Si oui, ce film est pour vous. On y voit tout un programme de fusées, de bombes, de fontaines de feu et autres pièces plus ou moins traditionnelles de ce genre de manifestation. Un vrai régal pour les amateurs.

Un film donc de feu, de lumière, d’explosions dans la nuit. Un film à la fois noir et lumineux. Un film qui éblouit et qui assourdit, qui peut faire mal aux yeux et aux oreilles, en tout cas un film qui empêche de dormir.

Le film se déroule dans les Landes, un territoire d’arbres et de forêts. Les rares plans filmés de jour nous montrent un pays reconnaissable entre tous. On entend la langue locale dans des dialogues quotidiens et des chants. On y voit des activités tout aussi traditionnelles et mobilisant l’ensemble d’une communauté. Le dépeçage du cochon par exemple, et la fabrique du boudin, les mains dans le sang de la bête.

Le feu d’artifice est tiré, pour des spectateurs que l’on ne voie pas sauf dans le dernier plan où une foule noire, compacte, composée de silhouettes sans visage s’avance lentement vers la caméra. Mais on entend en sourdine les applaudissements dans la nuit saluant la beauté des feux. Il y a d’autre silhouette sombre, une vache par exemple rappelant que nous sommes dans une zone rurale. Des images de personnes bien réelles, femmes, enfants, hommes plus âgés, il n’y a que dans la fête du cochon que nous pouvons en voir.

En quel honneur le feu d’artifice est-il tiré ? Nous ne le saurons pas. Mais cela n’a pas d’importance. Il s’agit au fond d’un pur spectacle, destiné aux spectateurs dans une salle de cinéma. Aucun film ne peut être plus réfractaire à une projection, un visionnage autre que dans la salle noire et sur grand écran, là où vous pouvez être captivé par les jeux de feu et de lumière. Mais nous pouvons aussi être effrayés comme ces enfants qui se cache dans les jambes des parents ou dans leurs bras. Des peurs qui sont aussi jouissives car quand le silence revient, dans la nuit, n’est-ce pas une autre vie qui est commence?

Avant le feu, Mona Convert a réalisé un film sur l’eau. Ici on la sent totalement investie dans les éléments de la nature. Un jour sans doute elle filmera l’air et la terre.

Cannes 2024, sélection Acid ; Fifib 2024.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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