Là où poussent les coquelicots. Vincent Marie, 2016, 52 minutes.
Vincent Marie est historien. Et il est passionné de bande dessinée. Histoire et bd, une rencontre fructueuse, surtout quand elle s’incarne dans des films – à propos de la guerre de 14-18, ou celle d’Algérie (Nos ombres d’Algérie 2022), en passant par la fin de la guerre d’Espagne, la « retirada » dans Bartoli le dessin pour mémoire, 2019). La Grande guerre elle a fait l’objet de nombreux albums que Là où poussent les coquelicots (un bien joli titre) nous permet de découvrir et d’explorer.
Le principe mis en œuvre par Vincent Marie dans ces films, est de nous faire rencontrer les auteurs des albums, dessinateurs et scénaristes. De nous les montrer au travail, effectuant des planches, dessinant des personnages de leurs albums, les colorisant, les rendant vivants, malgré le conteste de mort dans lequel ils sont situés. Leurs propos éclairent leur démarche. Tous se posent la question fondamentale. Pourquoi la guerre est-elle si présente dans l’histoire, presque universelle. Pourquoi les hommes ne peuvent pas, ne savent pas vivre en paix.
Là où poussent les coquelicots s’ouvre par une rencontre avec Jacques Tardi, que nous retrouverons d’ailleurs à plusieurs reprises dans le film. Il évoque une photographie en noir et blanc, celle d’un jeune soldat, partant à la guerre en souriant. Pour lui, l’image type de « la chair à Canon », qu’il dessinera dans Putain de guerre (avec Jean-Pierre Vernet) et dans C’était la guerre des tranchées (avec Grange).
La vie dans les tranchées est d’ailleurs un des thèmes récurant de la bande dessinée consacrée à la Grande Guerre l’image même de l’horreur. A quoi s’ajoute l’évocation de Verdun, de la bataille de la somme ou du front italien dans les Alpes. A chaque fois, des images en couleurs s’attardent sur les lieux actuels de ces épisodes, pour constater comment le paysage reste encore aujourd’hui marqué par le passage de la guerre.
Les albums qui se succèdent permettent de suivre les principaux événements de ces quatre années de massacres, depuis l’attentat de Sarajevo jusqu’aux mutineries de 17 et bien sûr la fin des hostilités et leur célébration. Citons en quelques-uns : La mort blanche de Charlie Adlard et Robbie Morrison, Notre mère la guerre de Maël et Kris, L’homme qui changea ka siècle de Gravilo Princip, Gueule d’amour de Delphine Priet Lahéo et Aurélien Decoudray.
« Le dessin permet de supporter l’horreur », cette phrase de Joe Sacco résume bien le propos de Vincent Marie. Elle vaut assurément pour tout son cinéma.
Le film de Vincent marie sur la Retirada : https://dicodoc.blog/2019/07/02/r-comme-retirada/
