Bosco Grande. Giuseppe Schillaci, France-Italie, 202476 minutes.
Un personnage et un quartier.
Le personnage, c’est Sergio, une personne étonnante, surprenante, surtout par son apparence physique. Il pèse 260 kilos et ça se voit. Il a beaucoup de difficultés à se déplacer. Donc la plupart du temps il reste allongé sur son lit. Quand il sort pour venir s’installer sur des coussins devant son appartement, il a besoin d’être aidé pour décembre, les deux marches qui mènent à la rue. Et lorsque son caddie entraîne sa chute en se casant, il faut pas moins de trois amis pour l’aider à le relever. Son poids phénoménal constitue donc un véritable handicap, mais cela ne l’empêche pas de vivre, en mangeant presque en continu, et les clients viennent se faire tatouer dans sa chambre sans que cela perturbe son intimité.

Le quartier, c’est Bosco Grande, un quartier populaire de Palerme, un quartier où tout le monde se connaît et où l’on vit en grande partie dans la rue, où l’on fait des barbecues et où l’on boit quelques bouteilles.

Un film où l’on sent l’ambiance de la ville à travers Bosco Grande, une ambiance soutenue par la musique, le rock que l’on danse sur le les places et le punk. Sergio a été une star du punk de Palerme. En témoigne les photos qu’il nous présente. Il était jeune, il n’était pas particulièrement obèse. Au début du film il a 47 ans. Ce qui est un exploit vu son état de santé. D’ailleurs, le film se termine sur son enterrement. Un dernier hommage de ses amis du quartier. Une dernière occasion de manifester l’amour que tous lui portent. Sans lui, Bosco Grande ne sera plus le même.

Pourtant, avec l’âge, il essaie de réagir. Il est allé en consultation à l’hôpital. Il a fait un séjour. Qui est apparenté à une cure. Il a perdu 30 kilos, ce qui, une fois rentré chez lui, passe inaperçu. N’est-il pas déjà trop tard ?

Un film plein de nostalgie. Des photos anciennes de la ville, une ville violente. Où les morts peuvent se trouver sur les trottoirs On voit des photos de Sergio enfant de sa mère. Sa mère compte beaucoup pour lui. Quand elle n’est pas là, il lui faut tout de suite lui téléphoner. Sa mère, elle incarne la raison, lui rappelant sans cesse qu’il lui faut arrêter de boire et de manger. Mais la raison, Sergio ne l’a jamais connue. Il a toujours été révolté. En particulier contre la mafia. C’est bien pour cela qu’il a été punk. Et il a gardé l’esprit de punk.
« Vivre vite et mourir jeune ». Une vie folle comme le punk.
Fipadoc, Biarritz 2025. Grand prix documentaire national.
