Sauna sacré.

Smoke sauna sisterhood. Anna Hints, Estonie, France, Islande, 2023, 91 minutes

Dans les saunas sacrés d’Estonie. L’eau pour se purifier. La vapeur pour se purifier. La chaleur pour se purifier. La lumière pour se purifier. La parole pour se purifier.

La parole des femmes. Pour les femmes. Le récit de la vie des femmes. Dans ce lieu sans homme.

Des hommes, elles en parlent bien sûr, mais pas toujours à leur avantage. La violence conjugale. Jusqu’au viol de l’adolescence. Mais toujours le poids de la société. Plaire aux hommes. Avoir un compagnon. Ne pas être seul. Et lorsque l’on devient mère, La hantise d’avoir une fille.

Le film peut se décliner à partir d’un certain nombre d’oppositions. Le dedans et le dehors ; l’hiver et l’été ; la jeunesse et la vieillesse. À l’intérieur du sauna, la chaleur ; dehors, la neige et la glace. L’hiver, tout est blanc, l’été, le vert domine. Mais à l’intérieur du sauna, c’est toujours la même lumière qui révèle les corps, les visages, les bras et les jambes, les sourires et les grimaces. Et toujours la nudité.

Est-ce la nudité qui libère la parole ? Ou la vapeur ? Ou l’exclusion des hommes ? Le film est entièrement, exclusivement, féminin. Des récits qui constituent l’histoire des femmes, une histoire universelle, éternelle. Les premières règles, les accouchements, les souvenirs de sa propre mère, l’homosexualité, l’amour. Ici, les femmes parlent, chantent, rient. Elles sont vivantes. Elle se savent désirables. Elles peuvent exprimer leurs désirs

« Soit forte, soit puissante ». Ces mots de l’incipit résonnent dans tout le film. Toute la vie des femmes. Comme s’il fallait toujours se battre, résister pour survivre. Le grand combat des femmes. Dans le sauna, elles préparent leur victoire.

Elles triomphent déjà.