Photo de classes. Litsa Boudalika, Belgique, 1992, 52 minutes
Litsa Boudalika est la cinéaste du rapprochement des lointains. Des rencontres improbables. Des contacts inimaginables.
Se rencontrer, apprendre à se connaître pour se comprendre, pour ne plus être des étrangers. Un objectif humaniste avant tout. L’inspiration de tout un cinéma.
Un premier film, Duo, en 1991 présente la correspondance entre deux jeunes filles, l’une israélienne, l’autre palestinienne, deux adolescentes qui s’écrivent pendant deux ans en oubliant un peu leurs différences, la guerre. Un film qui se terminait par une rencontre physique réelle, concrète, se voir se parler en direct. Serait-ce encore possible aujourd’hui ?

Avec photo de classes, nous suivons un autre rapprochement, une autre mise en contact. Des contacts en apparence bien plus faciles à réaliser que celui du film Duo dans un Moyen-Orient en guerre. Ici à Bruxelles pas de guerre, bien sûr. La distance entre les adolescentes, n’est alors certes pas équivalente à celle qui existe entre Israéliens et Palestiniens, et pourtant.
Photo de classes est le récit d’un projet pédagogique, la rencontre de deux classes de deux établissements scolaires de Bruxelles, des établissements bien différents par les quartiers dans lesquels ils sont situés et donc par le milieu social, la culture et même la religion des élèves qui les fréquentent. Un projet de rapprochement donc. Mettre en contact ces adolescentes que tout semble opposer, du moins dans les idées courantes, les stéréotypes et les préjugés des adultes.

D’un côté, un lycée d’un quartier chic, Woluwe. De l’autre, une école technique du quartier populaire de Schaerbeck. Avoir le même âge n’efface certes pas les différences sociales et culturelles. Mais ne peut-on pas quand même penser qu’il existe malgré tout des points communs. Des aspirations et des espoirs partagés. Des craintes et des angoisses dont on souligne souvent le côté universel ?
Le film nous propose ainsi une série de portraits de ces adolescentes si différentes. Des portraits en profondeur. D’une sincérité magnifique. Et si rare. Et puis. Il nous montre que l’école et le cinéma peuvent travailler main dans la main, ce qui est un véritable espoir pour l’avenir.

Ces adolescentes se seraient elles rencontrées s’il n’y avait pas eu ce projet pédagogique ? Certainement pas. Leurs représentations des autres seront-elles durablement modifiées par ce qu’elles ont vécu. Rien ne permet de l’affirmer avec certitude. On ose simplement espérer que, pour elles, ce vécu scolaire ne sera pas plus tard qu’un beau souvenir.
