Le monde blanc

Aspen. Frederick Wiseman, Etats Unis, 1991, 146 minutes.

Aspen est une station de sports d’hiver dans le Colorado. Nous investissons donc les pistes dans ce monde blanc et silencieux (relativement) où tout est centré sur les activités de glisse. Nous assistons à l’arrivée de 2 ou 3 participants à deux compétitions de slalom, dont un géant. Pour le reste, c’est plutôt le ski plaisir qui est mis en valeur. Les skieurs descendent presque en solitaire au milieu de la forêt. Il y a aussi du ski de fond et même une promenade en raquettes. Les remontées mécaniques, télésièges, télécabine font l’objet tout autant de l’attention du cinéaste. Le tout ponctué par des plans récurrents des engins de damage des pistes qu’ils investissent dès que les skieurs les ont abandonnées. Bref, tous ceux qui vont en montagne en hiver se reconnaîtront dans ce portrait somme toute assez banal. Même les chutes de quelques skieurs ne sont pas oubliées.

Mais bon, Wiseman n’en reste pas là. Il filme aussi avec autant de précision la vie de la station. De jour comme de nuit, jouant sur la diversité, la variété des lieux et des activités. Au point qu’au premier abord, on peine à trouver une unité à ce monde hétéroclite, centré sur la détente après l’effort et l’activité physique.

Pourtant, il y a bien une unité, un trait dominant de cette localité perdue dans la montagne. On peut trouver ce trait d’union dans la religion. Tant Wiseman filme avec insistance des activités de prière et de recueillement. À l’écoute de sermons qui délivrent la bonne parole dans des lieux dédiés à la spiritualité ou même chez des particuliers où le sacré fait irruption dans le profane. Ce n’est pas par hasard sans doute, que le film commence au milieu de moines, au cours d’un office, dans une église ou un temple. Wiseman ne donne pas plus d’indications sur les dénominations des communautés qu’il filme. La plupart évoquent le christianisme, mais on n’en saura pas plus. Tous semblent évoquez un seul et même Dieu, la foi étant en fond l’essentiel.

Pour le reste, on fouille les coins et les recoins de la ville, on s’attarde devant les vitrines de magasins de vêtements, on fête l’anniversaire de mariage d’un couple âgé devant toute la famille réunie. On prend un cours de dessin et de peinture, on discute du procès des dignitaires nazis à Nuremberg. On apprend à protéger la nature, on participe à un club de lecture, on se fait belle chez le coiffeur et dans un salon de beauté et on se remet en forme dans une salle de sport. Et ainsi de suite. On est bien souvent loin de l’hiver et de la neige, mais ceux qui ne font pas de ski ont bien droit, eux aussi à figurer dans le film.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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