Marc Riboud

Marc Riboud. Photographier le XX° siècle. Virginie Linhart, 2023, 52 minutes.

Le portrait d’un photographe. Un modèle du genre portrait d’artiste. Son œuvre à partir de sa vie. Une œuvre dans une vie. Une vie bien remplie. Et une œuvre immense, importante, fondamentale. Une œuvre inscrite dans son siècle. La photographie du 20e siècle, donc, avec tous ses drames, le foisonnement de l’histoire, la détresse et la grandeur des hommes.

Un film très classique en somme. Qui répond à toutes les ententes qu’on peut avoir dans l’approche d’une œuvre. La rigueur et la précision des informations. L’exhaustivité, autant que faire se peut, grâce aux archives bien sûr. Et le choix des œuvres, des photos donc. Les plus connues, sans oubli. Celles qui sont devenues cultes. Présentées par ordre chronologie. Du peintre de la Tour Eiffel à la jeune fille à la fleur lors de la manifestation géante de la jeunesse américaine contre la guerre au Vietnam devant le Pentagone à Washington. Et entre ces deux extrêmes, tous ces clichés d’anonymes, (mais Mao quand même), qui nous disent tout autant de choses sur le monde et son histoire.

De sa vie, c’est la famille qui est placée au premier plan. Le père d’abord, qui lui donne son premier appareil photo avec cette phrase sans cesse répétée. « Si tu ne parles pas, peut-être pourras-tu regarder ? » Et les Frères figures marquantes du grand capitalisme français. U une famille de grands bourgeois donc, avec ce que cela implique de conventions, d’interdictions et d’obligations, que Marc n’aura de cesse toute sa vie de contourner ? Même s’il n’arrive pas toujours à échapper totalement à cette emprise. La vie, c’est aussi les 2 guerres, la première qui lui ravit en frère ainé. La seconde où il s’engagera résolument dans la résistance, dans le Vercors en particulier.

Mais dans cette vie, il y a peut-être surtout les voyages, des États-Unis à la Chine – le premier photographe occidental à y séjourner –  en passant par le Japon où il documente l’ouverture au mode de vie occidental.

Dans le monde de la photo, c’est surtout la relation avec Henri Cartier-Bresson sur lequel insiste la cinéaste. De ces premiers pas de débutant jusqu’à son entrée. Dans l’agence Magnum, dont il deviendra un des piliers.

Virginie Linhart nous a donné pas mal de portraits d’écrivains ou d’artistes, de Prévert à Boris Vian, en passant par Catherine Deneuve. Avec ce portrait de Marc Riboud elle réalise une épure qui façonnera le portrait cinématographe dans son classicisme. Ce qui ne supprime nullement l’émotion. Marc Riboud est bien vivant, avec sa passion. Ses contradictions sans doute aussi. Et c’est la photo comme art qui sort grandie de ce film.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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