Louise Bourgeois

Louise Bourgeois, la sculpture et la colère. Marie-Eve de Grave, France, 2024, 56 minutes.

« Je veux créer du désir et de l’émotion » Louise Bourgeois. Dans cette citation, tout est dit. La personnalité de l’artiste et le sens de son œuvre.

Le film de Marie-Ève de Grave est un portrait qui est à la fois une biographie, qui ne laisse rien de côté, une présentation, voire une analyse, de l’œuvre en suivant toutes ses étapes, tous ses rebondissements. Un parcours artistique complexe, mouvementé, toujours dans la recherche.

 Ce portrait est celui d’une femme artiste engagée corps et âme dans la création. Une création sous des formes multiples, sans cesse renouvelées. Il n’y a rien de rectiligne chez Louise Bourgeois, ni dans sa vie, ni dans son œuvre, et c’est un grand mérite de Marie-Ève de Grave d’explorer tous les recoins du personnage de cette artiste hors du commun.

La cinéaste utilise toutes les ressources qui sont à sa disposition, les archives bien sûr, de Paris à New York, les expositions personnelles, les grandes rétrospectives, comme celles du Moma. Les hésitations et les incertitudes, la souffrance des dépressions. Mais pas de renoncement. Une carrière qui s’échelonne sur plus de 70 ans.

La vie de la jeunesse à la vieillesse. Le rapport fondamental aux parents, la mère d’abord, disparue très tôt et le père omniprésent, presque tyrannique, mais inévitable. Puis le mari américain, et les enfants, le premier adopté et les deux garçons ensuite, à la file. Une vie de famille qui du coup n’a rien de classique dans le monde de l’art.

Louise Bourgeois a d’abord été peintre, élève à Paris de Fernand léger qui lui montrera la voie de la sculpture. On la voit au travail dans ses différents ateliers successifs et surtout on l’entend. Elle parle d’elle, de sa vie, de son art, en français et en anglais, avec cet accent parisien qui devait faire rire bien des new-yorkais. Mais sa présence à l’image est imposante et le film nous la rendre proche, familière même.

L’intérêt d’un portrait d’artiste tient en grande partie à l’importance de son œuvre, mais aussi à sa personnalité. Et donc aux aléas de sa vie. Avec Louise Bourgeois, son œuvre ne peut pas être séparée de sa vie. Ce qui justifie la démarche chronologique adoptée dans le film.

Les femmes artistes n’ont pas toujours été reconnues à leur juste place dans l’histoire de l’art. Le film de Marie-Ève de Grave est une importante contribution à la lutte contre cette invisibilisation à laquelle elles ont longtemps été réduites et contraintes.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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