Affiches politiques.

Choses publiques. Julie Barrier, 2025, 18 minutes

En période électorale, les murs des villes s’animent, prennent des couleurs, lancent des défis, des alertes, des slogans et appellent toujours à voter, à bien voter. Pas un parti, pas un candidat qui ne s’affiche. Et pas seulement sur les panneaux électoraux officiels. La campagne d’affichage est le passage obligé de tous les militants politiques. Et les murs des villes en sortent très souvent défigurés

Julie Barrier consacre un court-métrage aux affiches visibles lors de la campagne présidentielle de 2022. Ce pourrait être n’importe quelle autre élection, sauf que les candidats ne seraient pas les mêmes. Mais le rite du collage serait bien là. Il s’agit d’être le plus visible possible. Et la moindre petite portion de mur, de barrière, de palissade accessible sera recouvert. D’où une profusion, une accumulation avec ces superpositions qui souvent nuisent à la lisibilité. D’autant plus que presque toujours, les affiches ne restent pas intactes. Elles sont presque aussitôt déchirées par morceaux plus ou moins grand selon la qualité de la colle. Et puis elles sont un support idéal des graffitis des contres slogans, des ratures, des gribouillages. Les visages se voient affublés de moustaches ou autres attributs moqueurs. Aucune affiche ne peut rester intacte. Jamais les citoyennes ne s’exprime autant que sur les murs.

Julie Barrier film tout cela avec une grande économie de moyens. Des plans fixes, cadran de près les visages, surtout lorsqu’ils sont défigurés. Et en plein large, les murs entiers, qui finissent par ressembler à une peinture POP. Mais elle ne filme pas les colleurs. Les seuls acteurs du film sont deux employés municipaux qui décollent les affiches au karcher.

Un filmqui donne à voir un aspect non négligeable de la vie politique. La communication par affiche est une bataille silencieuse, peu efficace sans doute, quoique. On a souvent dit que l’affiche de Mitterrand avec en fond le clocher de l’Église du village avait sans doute jouer un rôle dans son élection.

À l’époque de l’affichage publicitaire omniprésent dans les villes et constitue souvent une pollution visuelle, il n’est pas inutile de nous mettre face à face avec cette réalité. Il n’est pas anodin que 18 petites minutes suffisent à nous interroger sur ce qui de que devient la politique aujourd’hui.

Avatar de jean pierre Carrier

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire