Les belles dames. Marion Lippmann et Sébastien Daguerressar, 2020, 63 minutes
Elles ont un âge certain – il y a même une centenaire parmi elles. Elles sont veuves – leur mari était pour beaucoup d’entre elles un officier de cavalerie ou de marine. Elles vivent dans une résidence pour femmes dans les beaux quartiers de Paris. Elles y ont un studio où elles peuvent recevoir ou fréquenter la salle à manger et les salons. Elles sont toujours bien habillées, bien coiffées et maquillées et elles n’oublient jamais de mettre leurs bijoux. Visiblement elles n’ont pas de souci financier. Elles profitent de la vie. Tout simplement.

Ici, dans cette résidence de luxe, nous sommes bien loin de la vie dans une Ehpad. Pas de fauteuil roulant, tout juste une ou deux pensionnaires marchent avec une canne. Pas d’infirmière non plus, du moins elles ne sont pas filmées. Les résidentes sont toutes en bonne santé. On n’entend aucune plaine. Pas le moindre petit rhumatisme. Et aucune ne prend de caché. Ici Alzheimer connait pas
Le film insiste beaucoup sur les relations sociales au sein de ce petit groupe. Même âge, même milieu social, grosso modo même vie, elles ne peuvent que s’entendre. D’autant plus qu’elles sont là en grande partie pour échapper à la solitude. D’ailleurs beaucoup d’activités collectives sont organisées. Elles jouent au bridge et participent à des séances de stimulation de la mémoire, réciter les premiers vers d’un poème connu Ronsard) ou écrire un texte dont tous les mots commencent par S. Une performance. Pour le reste elles papotent entre elles, des petits événements de la résidence. Mais la vie extérieure ne fait plus vraiment partie de leurs préoccupations.

Le grand problème du moment, c’est l’annonce de la direction concernant l’ouverture de la résidence aux hommes. D’ailleurs il y a déjà un candidat. Il viendra visiter les chambres et les espaces communs. Il dialoguera avec une ou deux résidentes. On ne saura pas s’il vient réellement s’installer parmi toutes ces femmes, qui ont déjà tendance à le considérer, sans le connaître, comme un oiseau rare. Bref un beau sujet de conversation.

Toutes ces dames ont bien sûr leur vie derrière elles et leur présent regorge de souvenirs de leur passé. La réalisatrice va donc entreprendre une série d’entretiens pour les faire parler de leur vie. C’est leur mariage, très jeune souvent, qui a été pour celles qui acceptent la caméra qui a été le grand événement de leur vie. Elles en parlent avec nostalgie. Comme tout souvenir d’une jeunesse perdue.

Parmi les résidentes, la réalisatrice favorise sa propre grand-mère, qui est donc sollicitée, malgré ses réticences, à parler plus longuement de sa vie et des problèmes plus actuels comme la situation de la femme dans la société. A ce sujet, toutes notent les évolutions importantes par rapport à leur époque. Et elles sont plutôt catégoriques : l’égalité homme-femme est bel et bien réalisée.
Un film qui n’éclaire pas vraiment la situation générale de la vieillesse en France, mais qui n’est pas désagréable à regarder.
Traces de vie 2020
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