S COMME SANGLIER

Va, Toto. Pierre Creton, 2017, 94 minutes.

Un film surprenant. Qui ne ménage pas ses effets de surprises.

Pourtant le cœur du film est constitué par une histoire simple, qui pourrait presque être banale, ou qui finit par le devenir. Elle se résume en quelques faits. Une femme, Madelaine, recueille chez elle, dans la campagne normande, un petit marcassin nouveau-né, dont la mère a été tuée par les chasseurs. Elle l’élève au biberon : attendrissant. Mais la loi interdit de garder chez soi des animaux sauvages. Pour les chasseurs, le sanglier est un animal nuisible. Il faut l’exterminer. Pourtant Madeleine s’attache à Toto, qui la suit partout. Jusqu‘au jour où le garde-chasse viendra pour l’enlever à sa mère adoptive. Révoltant.

Tout pourrait en rester là. Et le film multiplie les plans où Madeleine se promène dans la campagne, suivi par Toto, qu’elle appelle sans cesse pour qu’il ne se perde pas. Une histoire d’amour animal, dont les chasseurs ne sortent pas grandis.

Mais si cette aventure occupe bien la plus grande partie du film, d’autres histoires viennent interférer avec elle, s’enchâssant dans le récit sans crier garde, sans transition aucune, sans prévenir en quoi que ce soit le spectateur qui risque, sur le coup, être quelque peu déboussolé.

D’abord Vincent et ses deux voyages en Inde, évoqués surtout pour sa relation avec les singes, qui envahissent quelque peu sa maison.

Puis Joseph qui nourrit tous les chats du voisinage, ce qui lui demande d’acheter pas mal de sacs de croquettes.

Mais aussi, Pierre, qui n’est d’autre que le cinéaste. Il réussit à faire accepter par Madeleine l’idée de faire un film sur sa relation à Toto le marcassin.

Tout cela dans de courtes séquences qui disparaissent aussi vite qu’elles ont commencé pour en revenir à Toto et à Madeleine, qui continuera à le nourrir au biberon aussi longtemps que possible.

Les images font elles aussi l’objet d’une certaine recherche, le cinéaste utilisant par moment – quand il en a envie – de très beaux split screens, Toto à gauche et des poulets, ou des fleurs, ou un paysage de neige, à droite.

Quant à la bande son, elle aussi brouille les cartes, introduisant des voix off qu’on découvrira au générique être celles d’acteurs. Ces voix peuvent rendre compte des pensées intimes des personnages – Vincent, Joseph, Pierre – mais nous entendons aussi des bribes de dialogue ou des déclarations presque solennelles sur le sens de l’histoire.

 Comme dans la Trilogie en Pays de Caux (les premiers films de Creton) nous retrouvons  la campagne normande et une vie rurale en compagnie d’animaux. Des animaux dont il est ici particulièrement agréable de s’occuper.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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