Mon cœur voit la vie en noir – un amour à Kaboul. Helga Reidemeister, Allemagne, 2009, 87 minutes.
Kaboul, Afghanistan. Un couple d’amoureux. Shaïma et Hossein. Un amour fort, qui remonte à l’enfance. Un amour qui semble indestructible. Et pourtant. Un amour qui doit affronter les contraintes de la vie, de la société, de la famille. Un amour impossible.

Hossein a perdu l’usage de ses jambes dans la guerre, du côté des Taliban. Un choix qu’il n’a pas fait en toute liberté et qu’il semble regretter alors que les Talibans ne sont plus au pouvoir. Il ne se déplace plus – quelques dizaines de mètres tout au plus- que grâce à un déambulateur avec lequel il semble sautiller de centimètre en centimètre. Il reste le plus souvent allongé sur des coussins. Il est à la charge de sa famille.

Shaïma, elle, est jeune et en pleine santé. Resplendissante dans sa robe aux milles couleurs. Mais elle est mariée. Ou plutôt elle a été mariée, car ici les jeunes filles sont vendues pour rapporter l’argent qui fera vivre la famille. Elle a une petite fille, 5 ou 6 ans, qui occupe beaucoup de place autour d’elle. Elle est décidée à demander le divorce. Une situation inextricable. On n’en verra pas la résolution.

Une première séquence, longue et chargée d’émotion, réunit les amoureux. Elle vient le voir malgré l’interdiction qui lui est faite par la mère d’Hossein. Être ensemble, se regarder, se toucher la main, suffit à leur bonheur.

Dans la suite du film, la réalisatrice nous plonge au cœur des deux familles, en donnant surtout la parole aux deux mères. L’une et l’autre sont catégoriques. La situation est vraiment trop problématique. Il n’y a qu’une solution, que Shaïma retourne vivre avec son mari, même si en tant que quatrième épouse, sa vie conjugale est particulièrement difficile. Mais peut-elle renoncer à son amour ?

Le film nous donne plus qu’un aperçu sur le fonctionnement de la société afghane, une société des plus traditionnelles, où l’argent joue le premier rôle. La situation des femmes, vendues comme du bétail, est objet de revendication de la part de Shaïma, mais elle semble plutôt une exception avec ses sœurs. Dans les rues de la ville ce sont les burkas qui dominent. Et les mères ne sont pas prêtes à renoncer à la tradition.

Le film de Helga Reidemeister n’anticipe pas sur l’évolution de la situation de Shaïma et Hossein, mais la connaissance de l’histoire récente de l’Afghanistan peut nous laisser penser que ce n’est sans doute pas dans un sens favorable à l’amour.