Révoltes mondiales

Bigger than us. Flore Vasseur, France, 2021, 96 minutes.

Contexte

Un panorama mondial des « désastres » de notre siècle et des révoltes actives qu’ils suscites chez de jeunes gens mobilisés par la nécessité de réagir de toute urgence. Nous parcourons sept pays – Liban, Malawi, Grèce, Etats-Unis, Brésil, Ouganda, Indonésie – sept situations très différentes mais qui possèdent toutes un indéniable pouvoir de mobilisation. Nous suivons une jeune guide, Melati Wijsen, connue pour son combat pour l’interdiction des sacs plastiques dans son pays, l’Indonésie. Ses rencontres nous permettent d’appréhender ces réalités catastrophiques pour l’avenir de la planète.

Enjeu.

L’urgence d’agir. De ne pas rester passif devant cet avenir sombre qui fait plus que se profiler devant nous. Toutes ces actions – qui peuvent bien paraître au premier abord négligeables au regard du fonctionnement global de notre monde, comme ce colibri qui tente d’éteindre l’incendie avec une goutte d’eau – résultent d’une prise de conscience impérative. Le premier acte est de les faire connaître, de montrer que si toutes les bonnes volontés se combinent, il est possible de changer, peu à peu, la face du monde et de briser le cercle infernal de la fatalité.

Personnages.

MOHAMAD AL JOUNDE au Liban. Il a construit une école pour les enfants réfugiés à la frontière libano-syrienne.

MEMORY BANDA au Malawi. Révoltée par les mariages forcés des toute jeunes filles, elle a combattu la tradition des « camp d’initiation », où se pratiquait le viol systématique et institutionnalisé. Son action a abouti à la modification dans la constitution de l’âge légal du mariage (de 15 à 18 ans).

XIUTEZCATL MARTINEZ, aux Etats Unis. Il a combattu l e gaz de schiste et fait interdire le recours aux pesticides dans les parcs pour enfants.

MARY FINN, Grèce. Elle porte secours aux migrants en mer, et les accueille dans les camps grecs.

RENE SILVA, Brésil. Il a créé le premier journal racontant la vie quotidienne dans sa favéla et dénonçant la pauvreté, le racisme et l’injustice qui y règne.

WINNIE TUSHABE, en Ouganda. Elle a développé des activités de permaculture, visant à lutter contre la destruction des sols par les pesticides et à assurer une sécurité alimentaire pour les plus démunis.

Quant à Melati Wijsen, le fil rouge du film elle a créé à 12 ans « Bye Bye Plastic Bags » pour lutter concrètement contre la pollution des sacs plastiques.

Tous ces jeunes, que nous rencontrons tour à tour sur les lieux de leurs activités, sont rien moins que fatalistes. Du courage et de la détermination, ils en ont à revendre. Leur enthousiasme ne peut être que communicatif. Mais nul angélisme dans leurs propos. Les actions entreprises seront longues à porter leur fruit, même si les succès obtenus sont loin d’être négligeables. Unir les forces de tous devient indispensable.

Evaluation.

Faire connaître les actions menées par ces jeunes – et donc les problèmes qu’ils affrontent directement – ne manque pas d’intérêt. Nul ne devrait ignorer aujourd’hui et rester indifférent face à la pollution plastique, aux conditions de vie des jeunes filles en Afrique, et celles des enfants réfugiés de Syrie. D’une façon générale, il est bien affirmé que c’est la pauvreté et l’exploitation capitaliste qui sont aux racines du mal et qu’il faut donc combattre. Mais le film se place au niveau du quotidien et non à celui du militantisme politique à grande échelle. Il vise à montrer que ce sont les jeunes qui ont l’avenir entre leurs mains. Ce n’est donc pas un hasard que le début du film contient un extrait d’un discours de Greta Thunberg dénonçant l’inertie des adultes et des gouvernants. Le pari est gigantesque : penser que les pouvoirs établis finiront à la longue par infléchir leurs orientations. Est-ce conciliable avec l’urgence de la situation mondiale ?

Le film mise beaucoup sur des effets spectaculaires. Images choc, souvent esthétisantes d’ailleurs, musique parfois tonitruante, discours répétitifs enfonçant le clou, toutes les ressources d’un cinéma grand spectacle sont mobilisées. Le côté film choral, passant d’une situation à l’autre souvent sans transition, finit par créer une sorte de grand fourretout dont il ne semble pas vraiment sortir un véritable plan d’action. S’agirait-il simplement de reproduire les expériences qui nous sont présentées ? Une vraie réflexion reste à entreprendre.

Avatar de jean pierre Carrier

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire