Portrait de cinéaste. Grierson John.

Cinéaste britannique (1898 – 1972)

         Il étudie la philosophie et la littérature à l’Université de Glasgow. Il part aux Etats Unis en 1924. C’est là qu’il commencera son travail de cinéaste tout en étant consultant pour Paramount Pictures. Il réalise en 1929 Drifters, film muet consacré à la pêche au hareng en mer du Nord. Ce film est considéré comme le manifeste du documentaire britannique. Il est invité au Canada en 1938 pour proposer un plan d’amélioration de la production cinématographique gouvernementale. Il fonde en 1939 l’Office National du Film (ONF), dont il devient le premier commissaire et le dirigera jusqu’en 1945. La petite histoire fait de lui le père du genre documentaire, puisqu’il aurait été le premier à utiliser le terme qui serait ensuite devenu courant (« documentary film » en anglais). Quoi qu’il en soit, ses écrits développent une vision originale du cinéma comme outil des actions publiques en direction des classes populaires. Il a ainsi fortement influencé le cinéma documentaire moderne, dans sa dimension sociale, proche des courants socialistes européens.

         « L’art n’est pas un miroir, mais un marteau. C’est une arme à notre disposition pour voir et dire ce qui est bon, bien et beau ». Cette phrase résume bien sa position, qu’on pourrait alors rapprocher d’une certaine forme de propagande. Si elle a pu paraître indispensable en temps de guerre, elle ne sera plus perçue par la suite comme correspondant aux exigences artistiques qui se font de plus en plus jour à propos du cinéma. S’il ne renonce pas à sa conception première, les relations entre esthétique et politique restent ambigües dans sa pensée. Comment le cinéma peut-il à la fois avoir une portée éducative et être un instrument de l’action gouvernementale d’un pays tout en gardant une dimension artistique ? Si Grierson ne résout nullement le problème, son œuvre a au moins le mérite de l’avoir clairement mis en évidence.

         Sous sa direction, l’ONF connu un essor considérable, favorisé par la situation de guerre dans laquelle il naquit. La politique de production et de distribution qu’il initia alors reste un modèle d’efficacité. Après Grierson, l’ONF changera profondément d’orientation, mais restera une institution originale sans laquelle le cinéma nord-américain, et par extension mondial, serait plus que jamais sous la coupe de la puissance économique hollywoodienne.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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