Bye Bye Tibériade. Lina Soualem, France-Belgique-Palestine, 2023, 82 minutes.
C’est l’histoire d’une femme, racontée par sa fille. L’histoire d’une femme Palestinienne, dont la famille a été chassée de leur maison sur le lac de Tibériade par les Israéliens. L’histoire d’une famille dont les photos nous montrent quatre générations, la petite dernière, la cinéaste, étant encore jeune enfant. Une photo où l’on peut identifier à ses côté sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère.
La cinéaste, Lina, est née à Paris, loin de Tibériade et de la Palestine. C’est que sa mère, Hiam, a quitté ce pays adoré mais occupé, pour vivre à Paris et réaliser son rêve de devenir comédienne. Un parcours d’émancipation bien sûr.

Le film ne nous en dit pas plus sur cette vie d’immigrée. Il se concentre plutôt sur le retour de Hiam en Palestine où elle retrouve sa fille devenue adulte et cinéaste. Le premier film de celle-ci, Leur Algérie, était déjà une histoire familiale. Dans la petite ville Auvergnate de Thiers, sa grand-mère et son grand père (du côté paternel) décident de se séparer après plus de 60 ans de vie commune. Mais ils continuent à vivre l’un face à l’autre, dans deux appartements se faisant face.
Dans ce second film, Lina Soualem, ne filme pas les hommes, son père étant juste évoqué, en passant, comme de loin.
Comme son titre l’indique, Bye Bye Tibériade est un film sur le passé, sur la nostalgie du passé, un passé dont on sait qu’il ne reviendra pas. Tibériade est à jamais perdu. Plus jamais Lina ne se rebaignera dans les eaux du lac.

Pourtant, ce passé est toujours vivant, dans le souvenir de Lina et de sa mère. Un souvenir dont les nombreuses photos mobilisées nous donnent plus qu’un simple aperçu.
Au fil des présentations de ces archives familiales – à quoi s’ajoutent de nombreuses images historiques – nous plongeons dans l’histoire d’une famille, une histoire qui est celle de tout le, peuple palestinien.
Bye Bye Tibériade est alors un film indispensable pour comprendre de l’intérieur le vécu de ces femmes privées de leurs racines, et pas seulement lorsqu’elles ont immigré.
Un film-portrait d’une grande teneur émotionnelle.

