Émancipation

La lumière des femmes. Elise Darblay et Antoine Depeyre. France, 2023, 80 minutes.

Des villages Peul au Sénégal, des villages coupés de tout, sans électricité. Des villages régis par un patriarcat traditionnel. Les femmes font tout, s’occupent de tout, des repas, des enfants, des champs, des cases. Les hommes dirigent tout, décident de tout. Une situation qui semble devoir perdurer infiniment.

Mais voilà qu’une opportunité vient frapper à leur porte, sous la forme d’une représentante d’une ONG venue parler d’énergie solaire. Elle propose une formation de 4 mois à la ville, pour apprendre à installer et à utiliser l’électricité venue du soleil. Mais la proposition s’adresse uniquement aux femmes et bien sûr les hommes sont instinctivement contre. 4 mois, c’est bien trop long et comment vont-ils faire sans leur femme, qui fera la cuisine, qui s’occupera des enfants ? Et même s’ils prennent une 2e épouse qui sait ce qu’elles vont faire à la ville et dans quelle disposition vont-elles revenir. Le projet est bien difficile à mettre en place.

Pourtant quelques hommes finissent par accepter. Et puis il y a Néné, une femme mûre qui n’attendait que ça pour conquérir son indépendance elle va devenir la leader du petit groupe de celles qui partent, rassurant les maris mais aussi cette toute jeune fille, timide et soumise aux lois du village. Pour elles toutes c’est une nouvelle vie qui commence.

Après un long voyage (les plans de drone sur la brousse sont magnifiques) elles vont s’installer dans leur nouvelle demeure, découvrir de nouvelles règles et la modernité, des wc, la douche avec son eau qui coule toute seule et l’électricité. mais surtout elles vont découvrir la ville son animation et son activité incessante.

Un groupe se crée, amical, convivial ; passionné. La formation progresse tranquillement. Elles apprennent à faire des branchements, des soudures, elle découvre l’ordinateur. Toute chose inimaginable il y a peu. Et puis, elles vont en ville, au marché. Elles voudraient tout acheter. Il y a tant de choses dont elles manquent. Elles choisissent aidées par Néné ce qu’elles ramèneront au village.

C’est le retour enfin. Elles sont bien accueillies : elles ne reviennent pas les mains vides. L’électricité est vite installée ça change beaucoup de choses dans le village. Mais surtout ce sont elles qui ont changé. Plus de timidité, plus de soumission systématique. Elles ont soif de connaissance, elles qui ont fait l’expérience de l’apprentissage et de l’utilité des compétences acquises. Il faut une école dans chaque village pour apprendre à lire et à écrire, pour être vraiment libre.

Une belle leçon d’émancipation féminine.

FIPADOC 2024 Biarritz

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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