Itinéraire d’un film : La lumière des femmes de Elise Darblay et Antoine Depeyre.

A l’origine nous voulions filmer l’impact de l’arrivée de l’électricité sur une longue période dans un village isolé. Nous voulions assister au bouleversement pour comprendre dans quelle direction ces lieux allaient ainsi évoluer. Nous avions passé un accord de liberté absolue avec l’ONG Barefoot College. Nous souhaitions surtout passer beaucoup de temps sur le APRÈS. Néné n’était pas prévue dans l’équation, elle a surgi dans nos images et changé le cours du film. Avec elle, Aissata et Hawa nous avons compris quelques-uns des mécanismes qui se mettent en place pour faire émerger un tout nouveau sentiment de libre arbitre. C’était passionnant.

La production a été digne d’un combat herculéen. Nous devons beaucoup à notre productrice Isabelle Dagnac. Elle y croyait avant tout. Dossier accepté par une chaîne puis refusé puis réaccepté. Un jeu d’allers retours où nous avons fait les 3 premiers tournages sans la signature du diffuseur principal, ARTE.

Aujourd’hui ce film est le fruit de 5 tournages. Arte, Canal plus international et Public Sénat prennent ce film et il sera aussi diffusé au cinéma dans 12 pays d’Afrique à partir de mars 2024

Nous avons, avec Antoine Depeyre, tout écrit, tout tourné. Nous avons fait le cadre et le son. Nous avions un monteur et une traductrice. La musique est originale

Le tournage a été assez complexe car sans électricité, très peu d’eau, sans réseau, et sous 40 à 50 degrés presque à chaque fois, mais à force de faire ces allers retours sur 2 ans nous nous sommes acclimatés… nous rechargions nos batteries sur l’allume cigare et on priait pour que l’ordinateur permette tous les backup des cartes. Nous nous sommes profondément attachés à ces 3 femmes chez qui nous dormions et vivions. Nous avons appris à détecter les chacals, dormir dehors avec les chèvres, sur des bancs faits de branches de bois. C’était merveilleusement puissant.

Mais ceci ne nous a demandé aucun effort. Nous aimons ce genre de conditions. En revanche, chercher la juste place, être sur le fil du regard le plus sincère. Être respectueux tout en faisant avancer le récit. Ne pas intervenir mais assumer sa présence… c’est ce qui nous demande la plus grande réflexion et les plus beaux doutes.

Dernier point, nous menons une campagne d’IMPACT pour que l’école ou centre d’apprentissage dont Néné et Aissata rêvent, voit le jour. En partenariat avec bibliothèque sans frontière. Tout à été lancé au cours du FIPADOC mais nos actions ne font que commencer. C’est très très important tant pour la productrice que pour nous d’aller au bout de ce nouveau défi et de prouver que des films peuvent faire avancer l’histoire, surtout celle à notre échelle.

Le documentaire n’a pas encore de date de diffusion sur Arte

Elise Darblay

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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