Le dernier visiteur. Camille Ponsin, 2023, 53 minutes.
Le cinéma documentaire nous a déjà montré, à plusieurs reprises, le travail des médecins. Camille lui va nous montrer un médecin de campagne, un jeune médecin qui n’a pas fait le choix de s’installer à la ville. La campagne il la parcourt en tous sens dans sa vieille voiture, une voiture de collection qu’il faut parfois démarrer à la manivelle. Médecin de campagne, une espèce en voie de disparition et pas seulement du côté du Forez. En suivant Joseph on comprend mieux pourquoi il y a des déserts médicaux.
Les visites s’enchaînent à longueur de journée, toutes semblables. Une sorte de routine. Ce sont toujours de vieilles personnes qui vivent seules ou en couple dans leur maison sans chauffage central et où il faut constamment entretenir le feu de bois. Le médecin prend l’attention, ausculte le cœur et les poumons, regarde les jambes. Il interroge ses patients sur leurs douleurs. Des questions qu’il faut répéter plusieurs fois puisque l’interlocuteur n’entend plus très bien, voire plus du tout. Joseph va alors jusqu’à écrire ses questions et ses explications pour être sûr d’être compris. C’est qu’il aborde souvent des problèmes cruciaux, le maintien à domicile par exemple pour des personnes qui ont de plus en plus de mal à se déplacer et à faire les courses et la cuisine. Joseph les alertes sur les difficultés qui ne peuvent qu’augmenter avec le temps mais ils ne les brusquent pas. Le temps de la décision de partir n’est pas encore venu.
Joseph n’est pas bavard et le film ne contient pas d’entretien où il expliquerait les raisons de son choix et ses réactions aux difficultés de son vécu. En voiture entre deux visites, il ne parle pas. Le cinéaste alors a trouvé le moyen de combler le silence en lisant paragraphe par paragraphe le serment d’Hippocrate que tout jeune médecin doit prononcer à la fin de la soutenance de sa thèse de médecine. Une façon de rappeler les grandes valeurs (honnêteté et dévouement) que Joseph respecte visiblement de bout en bout.
Le cinéaste intervient aussi en off pendant certaines visites il souligne ce qui le surprend dans la pratique de Joseph, sa rigueur, sa concentration, sa réceptivité aux situations de ses patients. Que feraient-ils sans lui ? Mais il est jeune, bien loin de l’âge de la retraite. Ici le désert sera plutôt dû à la disparition des patients.
Fipadoc 2024 Biarritz.
