Le fils. Jérôme Clément-Wilz, 2023, 70 minutes.
Un petit coin de Haïti, près de la mer. Une cabane, sans électricité. C’est là que vit Diane, une québécoise, qui a atterri là on ne sait trop comment, et son fils.
Son fils ? Ce garçon d’une dizaine d’année est-il bien son fils ? Dans le vécu quotidien, cela ne fait pas de doute. Mais officiellement ?
Le film de Jérôme Clément-Wilz est une quête de reconnaissance de maternité. Diane a recueilli Raphaël, bébé abandonné à la naissance par sa mère. Depuis, elle s’occupe de lui, jour et nuit pourrait-on dire. Peut-elle enfin être reconnu comme sa mère. Un problème juridique particulièrement difficile à résoudre, malgré les efforts de Diane. Elle prend un avocat, un de ses anciens élèves. Mais l’administration locale fait la sourde oreille. La partie est loin d’être gagnée. Il est pourtant impératif pour Diane que Raphaël obtienne enfin un passeport, ce qui lui permettrait de revenir au Québec avec lui.
Si la seconde partie du film est bien consacré à cette lutte, la première se centre beaucoup plus sur la relation de Diane et de Raphaël. Le garçon est filmé dans ses jeux, le foot par exemple avec les garçons des alentours. Toujours joyeux, il respire la joie de vivre et la bonne santé. Obéissant il semble ne pas poser de problème d’éducation à celle qu’il considère comme sa mère, à qui il voue un grand respect et beaucoup d’amour.
Diane elle, est entièrement occupé par l’éducation de Raphaël. Si elle lui laisse beaucoup de liberté, elle ne supporte pas de savoir où il est lorsqu’il va jouer seul ou avec ses copains. Le cinéaste les filme tous les deux dans des bains de mer qui sont aussi des occasions de faire sa toilette. Une relation maternelle très simple et très saine, que rien ne semble devoir remettre en question.
Et pourtant…Lorsque Diane se rend à la ville pour accomplir les formalités administratives, Jérôme Clément-Wilz en profite pour filmer un peu la vie d’Haïti, essentiellement par des travellings sur les maisons le long de rues. Mais il ne s’attarde pas. Que Haïti soit un pays particulièrement pauvre est supposé connu de tous. Ce n’est pas le propos du cinéaste d’enfoncer le clou.
Le film capte cette parenthèse dans la vie de Diane, Québécoise un peu perdue en Haïti, une parenthèse de 10 ans, voués à la survie d’un enfant, à son éducation, à son épanouissement.
Fipadoc 2024 Biarritz.
