Hawar, nos enfants bannis. Pascale Bourgaux. Belgique-France-Suisse, 2022, 73 minutes.
le sort tragique de la communauté Yezidie nous a été en grande partie révélé par le film Sinjar, naissance des fantômes d’Alex Liebert et Michel Slomka. Une communauté vivant au Kurdistan irakien qui est tombée sous le joug de Daech
On connaît les méthodes brutales et sanglantes de ces djihadistes. Les hommes ont été tués lorsqu’ils n’ont pas réussi à fuir. Les plus jeunes et les enfants ont été enrôlés de force dans les rangs de leur armée. Les femmes ont été capturées, violées et réduite au rang d’esclaves sexuelles. Attribuées par tirage au sort à un combattant de Daech, elles en ont souvent eu des enfants.
Le film de Pascale Bourgaux se situe après la défaite de Daesh et la libération des femmes qui avait été faite prisonnières. Celles-ci peuvent donc rejoindre leur village et leur communauté, mais sans leurs enfants. Les religieux Yezidis refusent d’accepter ceux qu’ils considèrent comme les enfants de l’ennemi.
Les femmes peuvent-elles accepter cette situation ? le film va suivre Anna qui justement n’accepte pas d’être séparée de sa fille Marya, de ne pas savoir ce qu’elle est devenue ; ne rien savoir d’elle. Alors elle part à sa recherche.
Nous la suivons sur les longues routes droites qui traversent des zones désertiques. La plus grande partie du film se passe dans une voiture, mais ce n’est pas pour autant un road movie. Le paysage traversé est toujours le même. Une monotonie qui pourtant n’impacte pas le film, car la quête de cette femme yézidie pourrait être celle de toutes les femmes à qui on a enlevé l’enfant. Cette femme, c’est toutes les mères du monde, de toutes les communautés.
Ana finira par retrouver sa fille recueillie par la famille de son père, djihadiste emprisonné. La cinéaste filme ces retrouvailles tant attendues. Une séquence extrêmement chargée d’émotion, d’autant plus que la mère et l’enfant ne pourront pas vivre ensemble. Elles restent séparées de par la volonté des hommes. Une sanction incompréhensible pour cette enfant innocente.
Un film qui aborde les désastres de la guerre sous une forme inattendue. Un film qui montre concrètement que la maternité peut donner sens à toute une vie bien au-delà des lois des hommes.
FIPADOC 2024 Biarritz.
