J’aimerais qu’il reste quelque chose. Ludovic Cantais, 2019, 79 minutes.
Le Mémorial de la Shoah à Paris recherche des documents ayant appartenu à des juifs déportés par les nazis lors de la 2e guerre mondiale. Des bénévoles reçoivent les descendants de ceux-ci. Photo à l’appui, ces derniers font le récit de la déportation de leurs parents. Il s’agit de constituer un fonds muséal pouvant alimenter des expositions.
Peut-être plus que les photos présentées, ce sont les récits de la déportation qui font l’intérêt du film. Il ne s’agit pas à proprement parler de récits de l’extermination des juifs A Auschwitz ou ailleurs. Il n’y a pas ici d’image des camps de la mort. Ceux qui évoquent leurs souvenirs étaient enfants pendant la guerre. Ils parlent donc de ce qu’ils ont vécu, les arrestations, les rafles, les lettres envoyées depuis les camps, par exemple celui de Pithiviers. La vie dans le camp avant le départ des convois pour la mort est décrite très précisément grâce aux lettres et aux photos. Il y a aussi des documents matériels comme ces objets en bois, un bateau, un avion, fabriqués par les déportés et expédiés clandestinement aux familles Des restes particulièrement précieux
Les hommes et les femmes qui enfants ont vécu l’arrestation et la déportation de leur père et/ou de leur mère sont bien sûr particulièrement émouvants. Ils soulignent souvent les conditions dans lesquelles ils ont eux-mêmes échappé aux arrestations, cachés dans les bois ou dans des caves par des voisins ou parfois de parfaits inconnus, preuve de la solidarité qui existait en France sous l’occupation.
Le film se termine par une visite d’une classe de lycéennes et lycéens du Mémorial de la Shoah. Les visages graves de ces jeunes devant le mur portant l’inscription des noms des déportés depuis la France mettent tout particulièrement en évidence la nécessité et l’utilité pédagogique et humaine de tout ce travail de mémoire auquel le film de Ludovic Cantais participe avec une grande rigueur.
