Peaches

Peaches goes Bananas. Marie Losier, 2024, 76 minutes.

Depuis la Balade de Genesis et Lady Jayle, son film emblématique qui nous a laissé un souvenir impérissable, Marie Losier a tourné au moins un autre film consacré à la musique. Certes la balade de Genesis concerne surtout l’amour fou de Genesis et de Lady Jayle, mais Genesis est musicien, un musicien hors norme hors des sentiers battus. C’est sans doute cette marginalité, cette situation hors des modes mais qui trouve – qui a trouvé – son public, un public de connaisseurs et de passionnés eux aussi hors normes vis-à-vis des fans traditionnels, c’est sans doute donc cette marginalité qui attire la cinéaste et qu’elle sait si bien faire entrer dans le cadre de sa caméra. Donc après Genesis elle filme Félix Kubin dans Felix in Wonderland un film sur ce personnage unique dans son genre spécialiste de synthétiseurs comme le Korg MS 20 et qui vit dans un univers sonore hétéroclite qu’il transforme en musique.

Avec Peaches, elle bat tous les records d’originalité de musique et de personnage qui n’a rien de commun avec tous les musiciens qu’a pu produire jusqu’ici la scène musicale underground.

Qui est Peaches, cette femme dont Marie Lauzier fait le portrait musical mais aussi intime ? Car si elle filme ses concerts ou utilise des archives de ses performances, elle filme aussi son intimité, sa vie familiale, ses rapports avec sa sœur en particulier, une sœur dont elle s’occupe sans relâche car elle est atteinte d’une maladie dégénérative qui la cloue dans un fauteuil roulant.

Sur scène elle est pratiquement nue ou porte des sous-vêtements couleur chair. Elle est entourée de danseurs, et de danseuses surtout, qui exhibent leurs seins, leurs fesses, tout leur corps qui devient le centre de du spectacle. Elle s’adresse aux spectateurs, cette masse hurlante et dansante, qui reprennent d’une seule voix les paroles des chansons qu’ils connaissent par cœur. C’est peu dire que le spectacle est tonitruant, dérangeant, mais la chanteuse fait corps, si l’on peut dire, avec le public et la caméra de Marie Losier participe elle aussi de cette transe collective. Toujours en mouvement, elle nous offre des images d’une mobilité inouïe, sans un instant de repos. Des images entièrement dirigées par la musique.

Marie Losier a filmé de la même façon Peaches en dehors des concerts, dans ses répétitions, dans ses voyages, chez elle dans ses recherches car elle ne s’arrêtent jamais de vivre son personnage. De toute façon elle est tout entière dans son personnage

Pour ceux qui connaissent bien Peaches, le film de Marie Losier sera une occasion unique de participer à l’enthousiasme que déclenche la chanteuse. Pour les autres, il permettra une découverte particulièrement forte, un film où tout est excessif et c’est pour cela qu’il ne laissera personne indifférent.

Fifib 2024

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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