Ballet. Frederick Wiseman, Etats Unis, 1995, 170 minutes.
Frederick Wiseman a réalisé deux films sur la danse. Le premier, Ballet, en 1995, à New York, consacré à l’American Ballet Theatre. Le second à Paris concerne ballet de l’Opéra de Paris (La Danse, le Ballet de l’Opéra de Paris, 2009). Il y a bien sûr des similitudes entre les deux films, dans la façon de filmer, cet art du mouvement qu’est la danse. Mais il y a aussi des différences, tenant en grande partie aux lieux d’ancrage des deux troupes et de tournage des deux films, New York et Paris.

On trouve déjà dans Ballet la volonté de filmer le plus précisément possible, et le plus complètement, la vie de la troupe New-Yorkaise en ne laissant de côté ni les problèmes d’organisation – les planning et le recrutement – ni les finances. Wiseman filme donc l’administration mais aussi le travail plus obscur des techniciens, des couturières, maquilleuses et coiffeuses, et jusqu’au personnel d’entretien des locaux. Mais bien sûr c’est la danse elle-même qui occupe la première place, des échauffements avant toute chose, les entrainements et les répétitions. L’apprentissage des ballets avec les chorégraphes. Et la vie des coulisses où l’on se détend, se concentre, se maquille et pratique ses exercices d’assouplissement. Une vie collective où l’ambiance est toujours au sérieux. Pour les danseuses et danseurs, le spectacle est d’abord une affaire de travail. Il s’agit d’abord de dompter son corps et ensuite de suivre scrupuleusement des directives des chorégraphes et autres chefs de ballet. Ce qui implique de recommencer sans cesse le même geste, le même pas et le même enchainement.

Mais Ballet présente la particularité de suivre l’American Ballet Theatre en tournée européenne, à Athènes et à Copenhague. On suit là aussi la préparation des spectacles, la mise en place des décors et la mise en condition des corps des danseuses et danseurs. Mais ces tournées comportent aussi un côté presque vacances. En Grèce on profite d’un temps libre sur la place pour jouer à la balle dans l’eau et bronzer au soleil. Le soir on va même dans une boite de nuit où l’on danse au son des guitares. Une danse qui n’a plus rien de classique. A Copenhague, on se rend dans un parc d’attraction et l’on fait un tour de grand huit pas mal mouvementé.

Dans l’ensemble du film les plans de villes sont peu nombreux. A New York on retrouve les traditionnelles vues sur les gratte-ciels et autres buildings. Une grande partie de ces plans sont réalisés la nuit, ce qui nous vaut des images récurrentes de la lune. A Athènes, Wiseman insiste sur le Parthénon, mais montre aussi le théâtre antique et les ruelles de la ville qui ne ressemblent en rien aux avenues de la Grosse Pomme.
Les deux tournées sont aussi l’occasion de filmer les spectacles eux-mêmes. Des captations longues, réalisées le plus souvent des coulisses et non de la salle. Le public n’est presque pas montré mais on entend les applaudissements.
Le pur plaisir du spectacle.
