Sous les œillets, la révolution. Tony Liégois, 2024, 65 minutes.
Cinquante ans après, la journée du 25 Avril 1974 n’a rien perdu de sa charge émotionnelle. Un coup d’État militaire mené par de jeunes capitaines ; une révolution populaire de tout un peuple dans les rues et les places de Lisbonne. En une nuit et une journée, la vieille dictature salazariste est à terre. Presque sans coup de feu, presque sans victime – on ne dénombrera que quatre morts dans la population et un chez les soldats de l’armée – la liberté n’est plus un rêve.

Le film de Tony Liégois décrit ces évènements avec une grande précision. Des images d’archive que tous les Portugais doivent sans doute avoir déjà vus des centaines de fois, mais qu’il est toujours utile, indispensable même, de faire figurer dans toute commémoration historique. En elle-même elles sont l’histoire, elles sont le cinéma historique. Et le cinéaste a su ne pas les faire disparaître sous un commentaire qui, à force de vouloir énoncer ce qu’elles disent, finiraient par perdre leur signification profonde.
Bien sûr, ce documentaire est au fond bien classique dans sa forme. Avec son alternance des archives et des entretiens avec des historiens, mais aussi des témoins et des acteurs mêmes de ces événements. Un ancien capitaine, des journalistes ou de simples citoyens et citoyennes, connus ou anonymes, tous évoquent avec ferveur ce passé inoubliable.

Les problèmes politiques et économiques sont simplement évoqués mais il fallait bien les aborder ce qui est fait ici sans développement superflus. La guerre coloniale, le problème de retour des immigrais qui ont fui la dictature -un choix difficile que beaucoup ne feront pas – l’agriculture archaïque et la misère du peuple. Ce qui compte surtout pour le cinéaste c’est l’ambiance particulière de cette journée et des suivantes, la joie profonde que procure chez tous la liberté recouvrée.
Cinquante ans après le 25 avril 1974 reste, pour toujours, exemplaire.
Festiva, International du film d’Histoire, Pessac 2024.
