Occupation de la Cisjordanie.

No other land. Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal, Rachel Szor, Palestine, Norvège, 2024, 95 minutes.

L’occupation de la Palestine par Israël a déjà fait l’objet de films forts, dénonçant une situation d’autant plus cauchemardesque qu’elle apparait sans issue. Par exemple, Cinq caméra brisées de Emad Burnat et Guy Davidi où l’on voit l’armée israélienne arracher les oliviers et chasser les Palestiniens de leur terre et de leur village pour faire place à la construction d’un mur de protection des colonies. Un film Israélo-palestinien, un film de dénonciation et de résistance, tout comme No other land.

Dans ce niveau film, l’armée israélienne tente d’expulser la population palestinienne des villages de la région de Masafer Yatta pour laisser la place à un camp d’entrainement militaire. Pour cela les bulldozers détruisent les maisons, contraignant femmes, enfants et blessés à vivre dans une grotte humide. Même l’école du village est détruite. Des images fortes, presque insupportables, véritablement révoltantes.

No other land est un film de résistance. Des manifestations pacifiques sont organisées. Des manifestations dangereuses face à une armée suréquipée qui n’hésitent pas à tirer sur les manifestants, tout comme les colons organisés en groupes armés. Dans un plan terrible, un de ces collons tirent à bout portant sur un Palestinien qui décèdera de ses blessures. Une violence quotidienne. Mais aussi la force que donne la certitude de son bon droit. Les hommes, même âgés, les femmes et même les enfants, apostrophent les soldats, les insultent, essaient de la mettre face à l’horreur de leur condition. L’Etat d’Israël apparait alors ne tirant la légitimité de ses actions que dans la force de son armée. L’occupation de la Cisjordanie apparait alors ne reposant que sur le droit du plus fort.

Mais le film montre une autre face de la résistance, l’information. Les deux personnages principaux du film, Basel le jeune activiste palestinien qui s’oppose depuis toujours à l’occupation israélienne et Yuval, journaliste israélien soutenant la cause palestinienne, unissent leurs efforts pour faire connaitre le plus largement possible les agissements de l’armée israélienne. Ils filment toutes les destructions. Leur caméra est leur seule arme face aux fusils. Et ce n’est pas sans risques, comme en témoignent les nombreux plans, où la caméra étant déstabilisée ne nous offre plus que des images floues, brouillées, saccadées, illisibles ou ne montrant que le sol défilant sous les pas de la fuite inévitable.

Dans les rares moment de répit du film, nous retrouvons les deux amis, Basel et Yuvak, la nuit, échangeant sur leur vision de la situation, sur le sens de leur engagement, sur leur vision de l’avenir. Ils ne se livrent pas à de grandes analyses géopolitiques, mais l’expression de leur ressenti vaut bien des théories.

Un film témoignage sur la réalité concrète de l’occupation israélienne. Réalisé du côté des palestiniens, il condamne sans appel la politique israélienne.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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