Activisme grec

Nous n’avons pas peur des ruines. YannisYoulountas, France-Grèce, 2024, 80 minutes.

Après Ne vivons pas comme des esclaves (2013), Je lutte donc je suis (2015) et L’amour et la révolution (2018), trois films aux titres évocateurs, voici Nous n’avons pas peur des ruines, un titre tout aussi significatif pour ce film militant, défendant un engagement anarchiste, combattant l’Etat et toute forme d’autorité. Un film de combat du nord au sud de la Grèce, et tout particulièrement à Athènes.

Le film débute au lendemain de l’accession au pouvoir de Mitsotakis, situé clairement à droite, et qui se donne comme première tâche d’en finir avec le quartier de Exarcheia, un quartier situé au centre d’Athènes et symbolisant la résistance à l’Etat. Un quartier rebelle et mettant en pratique la solidarité, avec les SDF, tous les travailleurs précaires, les chômeurs et bien sûr les réfugiés, exilés et sans papiers. Youlountas filme donc les manifestations de soutien et la répression policière, un cycle bien connu en France du temps des Gilets Jaunes et du refus de la réforme des retraites.

A Athènes il s’agit d’abord de défendre les squats de Exarcheia, squats nombreux et menacés systématiquement d’expulsion. Mais le film ne se contente pas de rendre compte des affrontements avec la police. Il nous montre la vie réelle de ces squats, les distributions de nourriture gratuite aux plus pauvres et aux migrants, une solidarité indispensable à leur survie, mais aussi les écoles et les bibliothèques ouvertes aux enfants et toutes les activités culturelles autogérées, basées essentiellement sur la musique et la poésie.

Toute une organisation de résistance, avec pour mot d’ordre No Pasaran ! Un mouvement qui prend rapidement une dimension internationale, avec l’arrivée sur place de militants venus de toute l’Europe et même d’Amérique latine. Le film n’a pas de mal de faire d’Athènes le centre du monde révolutionnaire et s’appuie donc sur cet exemple pour essayer de généraliser les luttes. Des luttes qui trouvent bien des occasions de mobilisation, comme le projet de construction d’une station de métro au centre de la place de Exarcheia, ou la revendication en Crète de l’accès libre à la mer et donc de supprimer l’occupation des plages par les parasols et les transats.

Le film ne cherche pas vraiment à innover au niveau de la forme. De manière assez classique, il alterne les scènes d’action avec des entretiens avec leurs Exarcheia acteurs, l’occasion pour eux de développer leurs thèses antiétatiques. A quoi s’ajoutent de nombreux cartons proposant des citations de personnalités de cette mouvance politique et philosophique.

Un film qui s’inscrit donc dans un activisme actif, grâce à l’organisation de soirées débats, mobilisant les organisations locales. Leur dimension solidaire se concrétisant notamment par le fait que les films de Yannis Youlountas sont accessibles librement sur le Net.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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