Martin Parr

I am Martin Parr, le photographe so british. Lee Shulman, France – Royaume-Uni, 2024, 52 minutes.

Un autoportrait ? Presque, tant la présence du photographe en chair et en os s’impose tout au long du film.

Le filmage de ses œuvres n’en est que plus pertinent. Tout se passe comme si c’était le photographe lui-même qui nous guidait dans la découverte de ses photos. Et effectivement, nous le voyons effectuer des prises de vue suivies par la vision de la photographie qu’il vient de réaliser. Tout ceci dans un décor britannique si caractéristique avec lequel Martin Parr se confond entièrement.

Le film se présente comme une sorte de road-movie à travers l’Angleterre avec un aspect quelque peu dérisoire. Martin Parr traverse les images en poussant devant lui un petit déambulateur. Il a avec lui son appareil photo, qu’il « dégaine » souvent pour mitrailler sans hésitation le spectacle qui s’offre à lui. Et ceci donne aux films ce ton so British que revendique le titre du film.

Lee Shulman adopte un point de vue chronologique pour retracer l’histoire du photographe. La première période et toute en noir et blanc, ce qui était sans doute le canon de l’art photographique de son époque. Mais lorsque la couleur apparaît Martin Parr ne la quittera plus et elle s’impose à notre regard avec une nécessité fondamentale. Martin Parr ne serait pas ce qu’il est sans cette maîtrise d’une couleur souvent éclatante, mais toute simple au fond car renvoyant sans détour à la réalité.

Comme il se doit dans un documentaire artistique, le réalisateur filme quelques spécialistes de la photographie. Mais le plus intéressant est la présence de la femme de Martin. Ses interventions sont empreintes de l’humour décapant tout à fait en accord avec les photos de son mari.

Lee Shulman est un ami de longue date de Parr. Il a su nous faire partager l’intimité qu’il peut avoir avec le photographe mais il a surtout filmé en toute simplicité ses œuvres les plus connue, rendant compte avec une grande rigueur de ce regard socialement engagé qui caractérise les photos de Martin. Des clichés (au double sens du terme) qui toujours nous font sourire et même parfois rire. Une critique sans détour de la publicité de la société de consommation et de loisirs.

 Martin Parr a fait une partie de sa carrière comme membre de l’agence Magnum. Il en devient membre en 1976. La reconnaissance de cette adhésion par ses pairs ne fut pourtant pas une mince affaire. il y eut ceux qui affirmaient que si Parr entrait dans Magnum, ils quitteraient l’agence ; et ceux qui répliquaient que si Parr ne rentrait pas dans Magnum, il quitterait l’agence. Parr devint membre de magnum et l’agence poursuit son aventure. Le photographe aussi.

Fipadoc, Biarritz 2025.

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Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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