Au nom de Trump. Michael Premo, Etats Unis, 2024, 109 minutes.
Qui sont ces admirateurs de Trump qui ont fait campagne pour son élection dès 2016, puis qui ont marché sur le Capitole pour le prendre d’assaut, et qui ont ensuite travaillé pour le porter à nouveau au pouvoir en 2024. Ce dernier épisode n’est pas dans le film qui s’arrête sur ce slogan, cette croyance, cette révolte : « la victoire nous a été volée ». Est-ce que cela annonce déjà le retour de Trump à la Maison Blanche ?
On peut dire qu’il s’agit presque d’américains comme les autres, comme la grande majorité des Américains moyens, ceux dont on dit qu’ils représentent l’Amérique profonde, mais qu’on trouve aux quatre coins du pays. Ceux qui aiment les armes – si possible gros calibre. Et qui sont fiers de montrer leur collection. Ceux qui rêvent d’une Amérique qui domine le monde et lorsque Trump le leur promet, forcément ça marche. Ceux pour lesquels il n’y a qu’un pouvoir, celui de l’argent. Ils ne sont pourtant pas tous millionnaires, tous ceux qui ont voté Trump la première fois et qui le referont sans hésitation.
Le film de Michael Premo en sélectionne trois, pris presque par hasard parmi les millions d’autres qui seraient tout aussi représentatifs, avec leur vie personnelle et familiale sans rien de spectaculaire mais leur engagement trompiste pour lequel ils sont prêts à donner leur vie, et le jour où il le faudra à prendre les armes.
Ils appartiennent à une organisation qui s’appelle « les orgueilleux », ce qui en dit long sur leur état d’esprit. Et lorsqu’ils ne sont pas pris par leur job, ils adorent se retrouver dans une manifestation. Les manifs, après l’élection scandaleuse, inacceptable, de Biden, il leur faut en faire tant et plus.
Le premier vient du New Jersey, le second de New York le troisième du Texas. Nous les suivons de manif en manif. Nous les connaîtrons de mieux en mieux au cours du film, dans leurs aspirations communes et leurs déclarations stéréotypées. Dans les rues gare à ceux qui ne pensent pas comme eux, surtout s’ils sont isolés.
La première partie du film est donc une succession de portraits destinée à planter le décor, à montrer dans quelle atmosphère vont se dérouler les événements qui vont suivre. Le ton et la tension montent de plus en plus. Ces manifestations de rue doivent bien déboucher sur une action triomphale.

Cette action c’est bien sûr la prise d’assaut du Capitole. Un événement considérable, qui va occuper toute la plus grande partie du film.
S’il y a un film qui réussit parfaitement à faire participer le spectateur au mouvement de foule qui se déroule sur l’écran, c’est bien celui-là. La caméra est systématiquement placée parmi les participants. Nous accompagnons bien sûr les trois protagonistes que nous connaissons déjà, mais bien vite nous avons tendance à les perdre de vue, au profit de tous les autres, innombrables, anonyme, mais unis dans un même mouvement vers l’avant, face à la police qui tente de les raisonner, de les arrêter et de préserver la légalité. Incontestablement c’est l’État de droit qui est attaqué. La démocratie mise en péril.
Un film donc qui bouscule le spectateur quelles que soient ses opinions politiques. Tant ces images sont violentes. Une violence dont le déferlement semble ne pas pouvoir s’arrêter.
A la fin du film, quelque temps après ces événements, nous retrouvons notre manifestant du New Jersey préparant la chambre de l’enfant que sa femme va bientôt mettre au monde. On sent l’amertume qui est la sienne, sa déception.
N’est-il pas prêt à recommencer ?
Fipadoc Biarritz 2025
