A la recherche des cendres des victimes du nazisme.

Popel (Cendres) Oier Plaza, 2025, 90 minutes.

Popel est un film complexe. Un film d’enquête. De plusieurs enquêtes. Deux principalement. Deux enquêtes indépendantes dans leur point de départ, mais qui finissent par se rencontrer, se correspondre, s’interpénétrer, s’entrecroiser. Et aboutir à une même issue imprévue, surprenante, qui va donc constituer l’apothéose du film.

Première enquête, celle d’un professeur d’Arts plastiques, Unal Eguia, passionné d’histoire, mais qui n’est pas un historien professionnel. À la lecture du Roman L’Imposteur de Javier Cercas, il entreprend comme un passe-temps -mais ce qui va très vite occuper tous ses loisirs – de rechercher l’identité véritable d’un des personnages du livre, Enric Moner, Républicain catalan déporté par les nazis.

La deuxième enquête a son point de départ dans le Pays basque espagnol, à Guernica, ville tristement célèbre pour avoir été bombardé et incendié par les nazis en 1937. Là, Anton Gandarias part à la recherche de son oncle dans le cadre d’une investigation familiale. Cet oncle, Angèl Lekuona a été déporté par les nazis et sa trace se perd dans les camps. Cette enquête va s’appuyer sur le témoignage d’un survivant de ces camps, (le camp de Hradistko) Grégorio Uranga.

La première partie du film est donc particulièrement complexe. Et la moindre inattention du spectateur risque de faire perdre le fil de ces différentes directions qui pourtant ont bien de quoi se rencontrer. La guerre d’Espagne constitue la toile de fond commune avec cette sorte de va-et-vient du Pays basque à la Catalogne. Puis. L’évocation de la dictature franquiste qui essaie de faire oublier les crimes nazis.

Ces longs travaux de recherche finissent par faire parler les archives. Et les différentes enquêtes aboutissent enfin. C’est la seconde partie du film, la plus émouvante. Elle aboutit à Prague. Et à la découverte de personnages surprenant Frantisek Suchy. Avec son fils, il va, en risquant sa propre vie, entreprendre de sauver les cendres (d’où le titre du film) des victimes des nazis guillotinées et incinérées au crématorium de Prague où il est employé avant la guerre. Après la guerre, il va mettre à disposition des familles des victimes, les urnes funéraires qu’il a su préserver et soustraire à la volonté des nazis de ne laisser aucune trace de leurs crimes.

Le film va donc trouver son aboutissement dans une cérémonie où les familles en question font le voyage de Prague et vont se voir remettre les urnes de leurs proches, urnes précisément répertoriées, en présence de la veuve de Suchy. Celui-ci peut alors apparaitre au grand jour comme un véritable héros de l’ombre, mais dont le travail est indispensable pour préserver la mémoire de l’horreur de la guerre

Un film extrêmement original par la diversité de ses contenus, mais aussi par la variété des images qu’il propose, en particulier des animations tout à fait stupéfiantes.

Festival International du Film d’Histoire, Pessac 2025. Grand prix documentaires inédits

Avatar de jean pierre Carrier

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

Laisser un commentaire