James Dean : le Nouvel Homme. Cyril Leuthy, 2025, 60 minutes.
Louis Malle, le révolté. Claire Duguet, 2025, 65 minutes.
Le Festival du Film d’Histoire de Pessac comporte depuis quelques années une section particulièrement intéressante nommée documentaire d’histoire du cinéma. Elle présente une sélection de films consacrés au cinéma, le plus souvent sous forme de portraits de cinéastes ou d’acteurs, plus ou moins connus, certains de ces films ayant précisément pour objet de les faire sortir de l’oubli. Même si les superstars universellement connues sont loin d’être rares dans les sujets traités.
Cette section du festival décerne deux prix. Le Prix Michel Ciment, décerné par un jury professionnel et le prix Caméo décerné par un jury étudiant. Pour la 35e édition du Festival en 2025, ces prix furent décernés le premier à Cyril Leuthy pour James Dean. Le nouvel homme. Et le 2nd à Claire Duguet pour Louis Malle le révolté. De films qui ont des points communs, mais aussi bien des différences. Et c’est cela qui est plus intéressant.
Comme tout portrait télévisé, les portraits des personnalités du cinéma qui font l’objet d’une sélection à Pessac se doivent de dépendre ou de prendre appui sur la présentation des relations familiales et plus précisément parental. Cyril Leuthy insiste sur l’importance pour le jeune homme. de la mort précoce de sa mère et du fait que son père l’a abandonné et ne s’est jamais occupé de lui. Louis malle lui est présenté comme en rupture avec sa famille tout au long de sa vie, une famille bourgeoise dont il ne partageait pas les valeurs. Pour l’un comme pour l’autre, cette situation familiale fut sans doute déterminante.
Deuxième dimension de ces portraits, les films. À ce niveau, les choses diffèrent grandement. James Dean n’a tourné que trois films, A l’est d’Éden, la Fureur de vivre et Géant. Louis malle lui a laissé une œuvre beaucoup plus fournie, tournée en France et en Amérique. Et composée à la fois de fictions, les plus nombreuses, et de documentaires que Malle considérait comme tout aussi importants pour lui. Il est sans doute vain de vouloir comparer la dimension créative de ces deux personnes aussi différentes l’une de l’autre. Là n’est pas notre propos. Par contre, la façon dont les deux cinéastes d’aujourd’hui conçoivent leur portrait est bien différente. Cyril Leuthy utilise surtout des archives où ce sont ceux qui ont connu le jeune acteur qui parlent de lui. Ils décrivent ses réactions, ils racontent des anecdotes sur ses films, sur ses relations avec les réalisateurs et ces ambitions à Hollywood ? Claire Duguay, elle. ne donne la parole qu’à Louis Malle lui-même. Il est vrai que les entretiens télévisés ou radiophoniques sont beaucoup plus nombreux dans son cas, mais il y a dans le film qui lui est consacré un dispositif original qui en fait toute la valeur. La cinéaste présente les films de Malle dans l’ordre chronologique. Elle choisit un extrait quel juge significatif. Et le fait suivre par la parole de Malle, commentant lui-même son film. Et précisant pourquoi et comment il en est venu à le réaliser. Claire Duguet ne rajoute aucun commentaire, la parole de Malle se suffit grandement à elle-même. On assiste ainsi à un portrait qui est en fait un autoportrait, et le film mériterait de s’appeler au fond « Louis malle par lui-même ».
Reste que les deux films réussissent parfaitement, chacun à sa manière, à dégager l’importance de leur personnage dans l’histoire du cinéma. D’un côté, l’acteur qui fut le premier à incarner à l’écran l’âge de l’adolescence, cette période intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte faite de doutes et de révoltes. Quant à Malle s’il fut un précurseur de la nouvelle vague beaucoup de ses films ont suscité bien des polémiques. Que ce soit Les Amants, Le Feu follet, Le Souffle au cœur ou Lacombe Lucien.
Si le titre du film de Claire Duguet, Louis Malle, le Révolté, est parfaitement bien choisi, on peut dire qu’il conviendrait tout aussi bien au portrait de James Dean.
