1-Quel est l’origine du film ?
Le film est né d’un désir d’enfant. C’est la proposition venant d’une productrice qui m’a permis ce retour à Gene Kelly, après avoir longtemps travaillé sur la comédie musicale comme genre notamment dans ma collection consacrée aux remakes pour OCS. Kelly s’est imposé comme une évidence : à la fois icône populaire et artiste profondément moderne. Derrière l’image solaire et virtuose, je voulais retranscrire son parcours traversé par des tensions entre discipline et liberté, masculinité et sensibilité, divertissement et engagement politique. L’origine de l’axe du film tient donc à cette envie de dépasser le mythe pour retrouver l’homme, l’artiste, et la pensée du mouvement qui nourrit toute sa carrière.
2. Comment a-t-il été produit ?
Le film a été coproduit par Arte et Zadig Productions et avec la participation de Canal plus. Le projet s’est construit sur le long terme avec la production, avec un travail important de recherche d’archives, de visionnage des films, mais aussi de réflexion sur la mise en scène du montage et de la parole critique. La production a accompagné cette exigence : faire un film de cinéma à partir d’images de cinéma, en laissant la danse, le corps et le rythme guider la narration.
3. Comment avez-vous choisi les extraits des films de Gene Kelly ?
Le choix des extraits ne s’est pas fait sur la seule base des numéros les plus célèbres, même s’ils sont incontournables. Je me suis attachée à montrer l’évolution de son geste, de son rapport à l’espace, à la caméra, aux partenaires, mais aussi aux corps masculins et féminins. Certains extraits ont été choisis pour leur puissance iconique, d’autres pour leur caractère plus discret, presque expérimental notamment l’émission TV « Dance is a mâle game », révélant un Kelly chorégraphe, inventeur, parfois en rupture avec les codes de son époque.
4.Quelle place occupe pour vous la comédie musicale dans l’histoire du cinéma ?
C’est un art total et un véritable laboratoire du cinéma. Elle pense le rapport entre le corps et l’image, entre le temps, l’espace et l’émotion, avec possède une liberté formelle unique. Longtemps considérée comme un genre « léger », elle est en réalité profondément expérimentale et politique. Chez Gene Kelly notamment, la comédie musicale devient un lieu d’invention cinématographique majeur, où le mouvement raconte le monde autant que les mots.
