S COMME STORCK Henri

Cinéaste belge (1907-1999)

Henri Stock est généralement considéré comme « le père du documentaire belge ». Son premier film consacré à sa ville natale, Ostende, est déjà significatif de la volonté qui l’animera toujours de montrer le réel avec une touche de poésie. Créateur de la Cinémathèque royale de Belgique, il sera après la Libération un cinéaste reconnu, auteur de plus de 70 films dont de nombreux films sur l’art, domaine où il fait figure de novateur. Son film consacré à Rubens lui vaut d’ailleurs le grand prix du documentaire du Festival de Venise en 1949. Pourtant en 2006, une polémique éclate en Belgique à propos de son action pendant l’Occupation. Désireux de continuer de tourner à tout prix il n’aurait alors pas hésité à accepter des responsabilités au sein d’un organisme de propagande nazie.

Son œuvre avant-guerre est marquée par un engagement politique proche du communisme. Militant pour la paix, il réalise en 1932 un film antimilitariste, Histoire du soldat inconnu, qui sera d’ailleurs interdit en France. « Un montage féroce fait alterner sarcastiquement les bonnes intentions théoriques et le guignol politique des discours et des défilés, sur métaphores de cheminées d’usine s’effondrant au ralenti ou du cadavre exhumé d’un ‘soldat inconnu’ » peut-on lire dans la fiche de présentation du film dans le fonds Henry Storck. Mais son travail le plus connu de cette époque est le film Misère au Borinage (1933), réalisé en collaboration avec Joris Ivens. Ils y filment la misère des mineurs du Borinage après la grande grève de 1932, brisée par la force par le gouvernement, leurs conditions de vie extrêmement difficiles, insistant sur leurs maladies physiques comme conséquences de leur exploitation. Aux images prises sur le vif, les auteurs mêlent ce qui peut être appelé des scènes de reconstitution, réalisées avec des mineurs employés alors comme figurants. Mais la reconstitution peut très bien devenir scène du réel comme c’est le cas lors de cette manifestation organisée pour les besoin du film : les ouvriers défilent derrière un portrait de Karl Marx. Mais la police, prenant cela pour une manifestation réelle, intervient pour la disperser, ce que les deux cinéastes s’empresseront de filmer. Ce film est aujourd’hui encore un modèle du cinéma social militant.

En 1988, est créé un fonds Henri Storck « afin de conserver et de gérer le patrimoine cinématographique d’Henri Storck et d’autres cinéastes qui lui étaient proches comme Luc de Heusch, Charles Dekeukeleire, Ernst Moermans, David Mc Neil, Pierre Alechinsky et Patrick Van Antwerpen. » http://www.fondshenristorck.be . Il gère également un prix Henri-Storck décerné à un film documentaire.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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