C COMME CHILI – Présidence Allende.

Les Enfants des mille jours, Claudia Soto Mansilla et Jaco Biderman, 2013, 90 minutes.

         Mille jours, c’est la durée de la présidence Allende, depuis son élection en 1970 jusqu’au 11 septembre 1973, jour de son suicide dans le palais présidentiel de la Moneda bombardé par les avions de la junte militaire. Quarante ans après, il est grand temps de réaliser un inventaire aussi complet que possible de cette période marquante de l’histoire du Chili mais pratiquement oubliée par les chiliens, du moins les plus jeunes. Les enfants des mille jours se donne pour tâche de raviver la mémoire de ceux pour qui la page de l’Unité Populaire est définitivement tournée  comme de ceux qui l’ayant connue sont restés traumatisés par le coup d’Etat qui y mis fin et la répression sauvage qui suivi, au point d’en être presque amnésiques. Le film donne donc la parole aux acteurs de ces mille jours, ceux qui ont été directement impliqués dans cette période historique. Cela ne garantit pas en soi l’impartialité de leurs témoignages. Mais après tout, le film ne vise pas à établir un bilan objectif de la présidence Allende. Il se présente plutôt comme un ensemble de témoignages personnels d’homme et de femmes dont l’engagement politique à gauche est clair. Certains n’hésitent pas à porter aux nues de façon inconditionnée l’expérience de l’unité populaire. Tous s’opposent au libéralisme à la Thatcher mis en place sous Pinochet. Le film s’ouvre sur une vidéo montrant les manifestations de joie des partisans de Pinera, premier président de droite élu depuis le retour de la démocratie. Leur slogan « Communistes, pédés, Pinochet est vengé » montre qu’il existe encore des nostalgiques de la dictature.

         Les témoignages que recueillent les auteurs du film sont d’abord ceux d’anciens dirigeants et des responsables politiques de l’Unité Populaire comme le père de Claudia Soto. Ils opèrent un retour sur l’action du gouvernement Allende et les réformes engagés, que ce soit la réforme agraire, la nationalisation du cuivre ou le développement de l’éducation. Des actions que leurs initiateurs défendent encore aujourd’hui comme représentant une avancée considérable sur la voie de la justice et du progrès social. A cela s’ajoute des récits plus personnels, comme celui du chauffeur particulier d’Allende parsemés d’anecdotes concernant plus l’homme que sa pensée politique. Le tout est loin d’être inintéressant, mais se limitant à un seul point de vue, le film ne peut guère prétendre à la vérité historique.

         Les entretiens et les images d’archives de l’époque où figurent en bonne place des extraits de discours d’Allende, sont entrecoupés tout au long du film par des images de l’hommage national rendu au musicien et poète Victor Jara, tué par la dictature. Son cercueil est veillé des nuits durant avant d’être conduit par une foule impressionnante à sa dernière demeure. Des images qui se veulent une preuve de la survie de l’esprit de l’Unité Populaire.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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