I COMME INDE Naxalistes.

Un fusil et un sac. Arya Rothe, Cristina Hanes, Isabella Rinaldi, Inde, 2020, 90 minutes.

Le fusil c’est celui des Naxalistes, ces insurgés qui ont pris les armes contre le pouvoir dans la jungle indienne.

Le sac c’est celui que doivent avoir les écoliers, portés dans le dos, sur leur uniforme.

Faut-il déposer les armes pour permettre à ses enfants d’aller à l’école en espérant qu’ils pourront, plus tard, trouver du travail ?

Romi et son mari ont combattu aux côtés des Naxalistes dans leur jeunesse. Mais ils ont déposé les armes et se sont rendus aux forces de l’ordre. Ils vivent paisiblement dans un petit village, où ils espèrent pouvoir cultiver un petit lopin de terre. Mais est-il si facile de retrouver une place dans la société ? L’administration, semble-t-il ne leur fait aucun cadeau. Romi ne réussit pas à obtenir un certificat de caste pour son mari, pourtant nécessaire à l’inscription de leur fils ainé à l’école.

Le film est à la fois un portrait de cette militante repentie et une approche de la vie rurale en Inde. Une vie de village assez misérable, filmée en plans fixes, assez longs, surtout la nuit, où le couple se retrouve auprès du feu de bois.

Romi est le personnage central du film. C’est une femme décidée, qui parle très bien, entièrement dévouée à ses enfants. Au début du film est enceinte et comme elle a déjà un fils, elle est certaine que ce sera une fille. Mais ce sera aussi un garçon que nous verrons grandir au long du film. Un enfant dont elle s’occupe beaucoup, les cinéastes multipliant les séquences où elle lui chante des berceuses.

Le fils ainé est admis à l’école provisoirement en attendant le certificat de caste. Faute de ne pouvoir obtenir ce dernier, il ne pourra pas y rester. De toute façon il ne s’y plait pas du tout et semble bien content de devoir revenir dans le village de ses parents. Le film nous offre cependant quelques aperçus des pratiques pédagogiques en cours dans le pays où les enfants sont systématiquement encouragés se percevoir comme de futurs soldats de la mère patrie.

Dans une longue séquence située près de la fin du film, Romi explique à son fils les raisons de son engagement chez les Naxalistes. Très jeune, elle reconnait avoir été influencée. « On les a rejoints pour sauver la jungle » dit-elle. Ses raisons ne sont guère idéologiques. Passer à tabac le chef du village a plutôt l’air d’une vengeance personnelle. Pourtant son engagement semblait sincère. Comme sa volonté actuelle de mener une vie tranquille. Mais tout compte fait, le film ne laisse pas vraiment entrevoir un avenir radieux.

« Les pauvres devraient diriger le pays » dit Romi. Un rêve réalisable ?

Visions du réel 2020.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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