E COMME ENTRETIEN – Cathie Dambel

Pouvez-vous nous présenter les grandes étapes de votre carrière professionnelle.

Je suis venue au cinéma en réponse à une nécessité vitale : donner vie et place aux images manquantes à la fois  sur le plan personnel  et  sur le plan  collectif  aux zones d’invisibilité sociale.

Je viens d’un milieu  oú on ne se projette pas dans le  monde du cinéma.

 J’ai eu la chance –alors que je travaillais la journée  comme institutrice- de pouvoir suivre les cours du soir de L’E.S.A.V  en formation continue à Toulouse, le cinéma s’est rapproché. J’ai rapidement trouvé du travail à l’issue de ces études ou j’ai pu apprivoiser toutes  les techniques.

Vous êtes aussi monteuse. Quelle importance a pour vous ce travail ? A-t-il des répercutions sur vos propres réalisations ?

Les deux activités sont intrinsèquement liées ; j’aime faire naître les films.

Je  monte les films des autres mais je travaille avec un monteur/monteuse pour mes propres  films. La dialectique est très importante. J’ai sans doute développé  au cours des montages une capacité à imaginer la matière nécessaire au film et à l’organiser, aujourd’hui, je vais très vite à l’essentiel.

Votre filmographie semble dominée par des thématiques comme la famille, la parentalité, avec une coloration assez psychologique…

Je placerai plutôt au centre de mes films la question des fêlures  générées par l’histoire familiale ou collective.  Comment l’individu va faire avec ça, ce qu’il  inventera à partir de ça ; c’est cette parole que je cherche à faire émerger et qui me bouleverse. Je filme des évènements de parole !

 Quelle a été la genèse de votre dernier film Naître d’une autre. Avez-vous rencontré des difficultés particulières – par ex dans la production – pour traiter de la GPA, qui soulève souvent des contestations.

Je  me suis intéressée à cette situation limite et  périlleuse, une femme dont  le corps est «  colonisé » pendant neuf mois  qui porte un enfant pour une autre. Qu’est ce qui l’anime ? Le risque de la fêlure est là. Quelle société permet cela ? La production a été longue à monter car le sujet dérangeait beaucoup.

Il y a beaucoup de  confusion sur la question.  Je ne fais pas un film pro G.P.A, le film explore la limite et montre que- à certaines conditions très précises –  notamment la reconnaissance de la mère  qui porte et de son acte, c’est peut-être possible.

La relation avec l’équipe du CHU s’est construite dans le temps ; le film leur tend un miroir sur leur pratique et leur permet de la ré-fléchir .

La première projection du film a eu lieu au FIFF de Namur le 4 octobre dernier, j’étais touchée de sentir un public captif capable de s’ouvrir à une réflexion tout à fait nouvelle et déstabilisante qui bouleverse tous les repères

Quels sont vos projets cinématographiques ? Sur quoi travaillez-vous actuellement.

Je dois terminer un film Les sept vies d’Eugénia, le portrait d’une femme sculpteur née en Argentine qu’elle a du fuir pour se reconstruire en taillant des blocs de marbre. Encore un film sur l’identité et l’intégrité menacées. J’ai eu une bourse Brouillon d’un rêve de la Scam avec lequel j’ai finalement tourné  tout le film en autoproduction,  mais l’autoproduction a ses limites,  il manque l’altérité.

Et puis après ?  Je laisserai  venir, Les films viennent à moi. A un moment la nécessité est là et  c’est un sentiment assez puissant  pour venir à bout de tous les obstacles.  

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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