W COMME WEBDOCUMENTAIRE.

Retour sur un genre en voie de disparition mais qui a, en son temps, proposé des innovations importantes. On a pu alors parler de Nouvelles Ecritures.

Par rapport au documentaire classique, le webdocumentaire introduit d’abord un changement de support de diffusion. Grâce au web, il s’affranchit des contraintes de la télévision : place imposée dans une grille, nécessité d’un visionnement en continu. Mais les avantages seraient bien maigres si on en restait à cela. En fait, le webdoc a la prétention de se trouver au centre d’un réseau multipliant les supports et les modalités de diffusion. Programmé d’un côté à la télévision, voire en salle de cinéma, sous forme classique, le webdoc accessible sur Internet peut être couplé avec un forum, un blog et des réseaux sociaux, comme Twitter ou Facebook. Du coup, il inaugure l’ère du transmédia. Chaque support est utilisé dans sa spécificité, mais il ne se comprend qu’en interaction avec les autres.

Maintenant, comment le webdoc se présente-t-il à l’écran ? Soulignons d’abord sa dimension multimédia. Sur Internet, il est facile, et indispensable, d’associer textes, sons et images fixes et animées. L’enjeu sera alors de trouver une cohérence dans un matériau qui risque d’être perçu comme hétéroclite. Par exemple, les images se limitent-elles à illustrer un texte, ou bien sont-elles porteuses d’informations spécifiques ? Une musique est-elle un simple fond sonore agréable à l’écoute ? On pourrait multiplier les questions que tout auteur multimédia doit nécessairement résoudre.

Enfin, mais c’est le plus important, le véritable webdoc est interactif. Projet déjà ancien, inauguré dans des cédéroms dits ludoéducatifs et qui jusqu’à présent ne trouvait son plein épanouissement que dans les jeux vidéo. Dans cette perspective, le webdoc a beaucoup d’atouts pour lui. Un grand nombre d’entre eux se présente sous la forme d’une enquête, ou d’un reportage. Les auteurs, dont beaucoup jusqu’à présent sont des journalistes et des photographes, se contentent en quelque sorte de proposer les éléments qui vont en constituer la base. Le webdoc n’impose surtout pas une vision unique du sujet traité. Et l’on peut même penser qu’il sera vite possible que l’utilisateur puisse ajouter des éléments personnels, à partir de ses propres recherches sur Internet.

Le webdocumentaire, plus que toute autre création cinématographique ou multimédia, doit essentiellement son existence aux maisons de production. Et cela se comprend facilement dans la mesure où les coûts sont de plus en plus importants (c’est indispensable pour assurer la qualité) et aussi parce que la diffusion sur Internet ne permet pas une rentabilité équivalente aux documentaires, même si ces derniers ne rapportent que très rarement de l’argent.

Aujourd’hui, beaucoup de diffuseurs – les chaînes de télévision en premier lieu – se sont tournés vers les webséries, qui peuvent être tout aussi bien des fictions que des documentaires.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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