L COMME LANDES – côte.

Le désir d’une île. Lætitia Farkas, France, 2021, 80 minutes.

Les Landes. Les pins des Landes. La forêt landaise. Et la côte, la plage, le sable, les vagues, l’océan. Un lieu qui peut nous être très proche. Ou voisin. En tout cas pas vraiment mystérieux, ou inquiétant. Un lieu presque commun, que nous découvrons peu à peu. Au fil des plans qui nous font rencontrer des personnages. Des femmes, des hommes, des enfants – beaucoup d’enfants, tous plus beaux, et plus blonds, les uns que les autres. Des enfants rieurs, qui savent profiter de la chaleur de l’été. Qui aiment monter dans les arbres et se rouler dans les vagues. Des enfants dans la quiétude des vacances.

Qui sont-ils, ces personnages que nous croisons ici, certains une seule fois seulement, d’autres sont plus présents. Nous ne saurons rien d’eux. Ou pas grand-chose. Nous les écoutons. Ils parlent russe. Certains, les plus âgés, semblent ne parler que russe. Une communauté que nous découvrons peu à peu. La langue est bien sûr un indice fondamental. Mais il y en a d’autres. Les repas par exemple. Les plats qui sont cuisinés et servis en précisant leur nom. Une communauté où sont réunis plusieurs générations. Plusieurs générations qui se retrouvent dans ce lieu, pour ces vacances dans les Landes.

Et nous finissons par comprendre. Les grands-parents, les parents, ont quitté un jour leur pays, la Russie. Pour ne plus y revenir.

Il y a dans le film une séquence qui nous dit tout cela. Non pas une explication. Un simple moment du vécu des personnages. Un vécu plutôt banal. Qui en soi n’a rien d’extraordinaire. Un des jeunes hommes part prendre l’avion, destination la Russie, où il doit participer à une compétition de surf. Ses parents, surtout la mère, manifestent une inquiétude disproportionnée avec la situation. Une inquiétude qui est même une véritable angoisse. Et nous comprenons que ce qui est en cause, ce n’est pas la dangerosité du sport pratiqué. Mais c’est parce que le fils se rend en Russie, ce pays originaire, quitté dans la souffrance, une blessure qui ne s’est jamais refermée.

Ce désir d’une île est un petit bijou de cinéma immersif. Un cinéma qui n’explique rien, Qui se contente de faire ressentir. En multipliant les plans aquatiques. Las vagues sont souvent filmées au ralenti. La caméra étant immergée au côté des enfants qui se baignent. La cinéaste filme d’ailleurs beaucoup les enfants. Dans les arbres où ils grimpent sans la moindre peur apparente. Les gros plans sur leurs visages donnent à l’ensemble du film une tonalité paisible. Même sous l’orage, l’eau n’a rien d’hostile. L’océan est un compagnon. Rien de plus. Rien de moins.

Cinéma du réel, 2021, Paris.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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