chômage

Pôle emploi, ne quittez pas. Nora Philippe. 2013, 78 minutes.

Dès que la porte s’ouvre, ils entrent en bon ordre, en file indienne, sans vraiment se précipiter. Ils se dirigent qui vers l’accueil, qui vers son rendez-vous. Pour la majorité d’entre eux -surtout des hommes- ils donnent l’impression de savoir où aller. Ce lieu ne doit pas leur être inconnu.

Un plan récurrent dans le film. De toute, c’est tous les jours la même chose. Impossible d’imaginer le vide, l’absence de demandeurs, qui laisserait un moment de répit aux employé.e.s.

Le film de Nora Philippe est tourné pour l’essentiel du côté de ce personnel, à tous les niveaux de la hiérarchie. Un personnel souvent débordé, malgré la routine. Surtout face aux exigences de l’institution. Ici, comme dans bien d’autres administrations, il faut faire du chiffre. La durée de chaque tâche est de plus en plus décomptée. Plus moyen d’approfondir la situation des demandeurs. Que ce soient les managers aux prises avec les statistiques ou le conseil à distance par téléphone, comment peuvent-ils faire face à un contexte social et politique qui les met souvent sur le banc des accusés. Proposer un emploi à tous, une exigence démesurée. Nous sommes dans un département de la banlieue parisienne qui est un des plus défavorisé de France. Comment alors faire des miracles.

Un film d’immersion comme il y en a eu beaucoup dans la dernière décennie. Situé dans un lieu unique (tous les bureaux se ressemblent au fond), le filmage fait nettement sentir le poids de ce quasi-enfermement. S’il y a quelques moments de détente, autour d’un café ou pour fumer sa cigarette, les échanges restent conventionnels. On n’entre pas vraiment dans l’intimité des agents. Et encore moins des quelques demandeurs qui s’expriment face à la caméra. Le film n’a pourtant rien de superficiel. Si le chômage n’est pas abordé d’un point de vue sociologique ou politique, c’est bien parce qu’il s’agit de problématiques qui n’ont guère leur place dans une agence de pôle emploi qui n’est pas le lieu où peuvent se formuler des revendications, ni s’exprimer la souffrance, voire l’angoisse, que peut faire naître le chômage. A d’autres, Pierre Carles ou Jean-Michel Carré par exemple, de dénoncer l’aliénation inhérente au travail dans un contexte capitaliste. Ceux qui fréquentent pôle emploi ont-ils un jour rêvé d’aller élever des chèvres dans l’Ardèche ?

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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