RESNAIS.

Alais Resnais, L’audacieux. Pierre Henri Gibert, 2022, 52 minutes.

Dans une histoire du cinéma consacrée aux créateurs, Alain Resnais a incontestablement sa place. Une place de choix même. Et si dans sa carrière, surtout au début, il fut souvent contesté, ce n’est plus guère le cas aujourd’hui, même si l’ensemble de ses films n’ont pas tous la même valeur aux yeux de beaucoup d’historien et de critique.

Confier la réalisation d’un documentaire sur la vie et l’œuvre de Resnais à Pierre-Henri Gibert est certainement un bon choix, tant le cinéaste a l’expérience de ce type de film visant à percer les secrets de la vie pour mieux appréhender le sens de l’œuvre. Et puis, il sait se montrer enthousiasme, ne cachant pas son admiration – et même sa passion – pour le cinéaste d’Hiroshima mon amour et L’Année dernière à Marienbad. Même si son film ne se limite pas à ces deux titres.

Le film suit en effet le cours de l’œuvre de Resnais, passant de titre en titre, sans vouloir à tout prix ni citer tous les films en Resnais – Muriel et La guerre est finie par exemple sont totalement laissés de côté – ni surtout chercher une continuité qui serait bien factice. Resnais est un cinéaste « expérimental », qui ne s’enferme jamais dans un cadre ou un style. Un cinéaste qui est un incessant « inventeur de formes ».

 On peut être reconnaissant à Gibert de ne pas occulter la première partie de l’œuvre de Resnais, celle consacrée au documentaire, même si elle est plutôt désignée sous l’appellation court-métrage. De la rencontre avec Chris Marker pour Les statues meurent aussi à la mise en lumière du système concentrationnaire dans Nuit et brouillard, de l’interdiction du premier à la censure exercée sur le second, nous avons affaire non seulement au lancement d’une carrière qui s’annonce exceptionnelle, mais aussi à la révélation d’un créateur qui influença durablement le documentaire dit d’auteur. Les deux premiers longs métrages qui suivirent, s’appuyant sur l’écriture de Durs et de Robbe-Grillet, leur doivent sans doute beaucoup. Et pas seulement parce qu’ayant fait parler de leur auteur ils lui mettaient le pied à l’étrier (comme on dit), mais surtout ils consacraient un cinéma qui devait se renouveler sans cesse et dont la Nouvelle Vague fut une des plus marquante réalisation.

Dans le portrait qu’il dresse de la personne Resnais, Pierre Henri Gibert insiste beaucoup sur sa timidité. Dès l’enfance, Resnais apparait comme introverti et tout au long de sa vie il restera refermé sur lui-même, au point d’être toujours mal à l’aise dans les manifestations publiques et devant micros et caméra. Le film donne la parole à ceux qui l’ont bien connu, ses acteurs fétiches en particulier, de Pierre Arditi à André Dussolier, et bien sûr Sabine Azéma, qui devint sa seconde femme. Des archives personnelles qui s’harmonisent parfaitement avec le choix d’extraits de films qui nous est proposé.

L’importance de l’œuvre de Resnais dans le cinéma français et même mondiale n’a pas attendu le film de Gibert pour être reconnue. Mais il ouvre des voies précieuses pour découvrir ou redécouvrir ses films. Et puis, il sait nous émouvoir, comme Resnais sait si bien le faire dans son cinéma.

Par jean pierre Carrier

Auteur du DICTIONNAIRE DU CINEMA DOCUMENTAIRE éditions Vendémiaire mars 2016. jpcag.carrier@wanadoo.fr 06 40 13 87 83

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