Danser Pina. Florian Heinzen-Ziob, Allemagne, 2022, 111 minutes.
Faire revivre Pina Bausch à travers son œuvre, ses créations, ses chorégraphies. Les faire découvrir et plus, les faire interpréter par de jeunes danseuses et danseurs. Voilà le projet qu’ont élaboré d’anciennes membres de la compagnie de Pina, le Tanztheater Wuppertal. Un projet qui est un véritable défit : vaincre l’oubli, le temps qui passe, et amplifier encore le rayonnement international de la danse à travers l’œuvre de Pina.

Le film de Florian Heinzen-Ziob suit en parallèle deux préparations d’un spectacle, deux reprises de chorégraphies de Pina. En Allemagne, au Semperoper, l’Opéra de Dresde, il s’agira de monter Iphigénie en Tauride de Gluck, qui date de 1974. Alors qu’au Sénégal, à côté de Dakar, à l’école des sables, les danseuses et danseurs vont s’attaquer au Sacre du printemps de Stravinsky. Dans les deux cas il s’agit de jeunes danseuses et danseurs venus d’horizons différents, du Hip hop ou de la danse classique sans oublier la danse contemporaine. Ils vont tous et toutes se confronter au style particulier de Pina, à une rigueur et à des exigences qui demandent une abnégation continue.

Nous suivons donc ces apprentissages dans des répétitions interminables tant la perfection recherchée semble inaccessible. Mais personne ne remet en cause la nécessité du travail, reprendre autant de fois le même geste, le même mouvement, le même enchaînement. Et cela nous donne la plaisir de contempler la beauté des corps et celle des figures de groupe. Des images toujours très travaillées, mais où tout semble naturel, comme allant de soi. Un filmage qui sait se faire oublier pour ne plus voir que l’acte même de création.

Entre l’Opéra de Dresde et l’école des sables de Dakar il n’y a à priori rien de commun. Si ce n’est l’amour de la Danse et la fierté de participer à une reprise d’une chorégraphie de la grande Pina. Les entretiens de ces jeunes danseuses et danseurs qu’a réalisés le cinéaste nous permettent d’apprécier les différences qui les séparent et la volonté qui à distance les réunit. Et le souvenir de Pina est présent à chaque plan du film comme il inspire chaque instant de danse.

Pourtant, le film se termine par une note au premier abord négative. A Dakar, alors que tout est prêt, on annonce la suppression de toutes les représentations prévues pour cause de pandémie. On imagine la déception, immense. Alors il ne reste plus qu’à donner le spectacle sur la plage, à deux pas de l’école des sables, sans public mais devant des caméras. Et on ne peut que remercier le cinéma de nous permettre de retrouver ces moments uniques où Pina est réellement vivante.
