Un café allongé à dormir debout. Philippe de Jonckheere, 2023, 53 minutes.
Un père filme son fils.
Il le filme endormi, allongé sur le ventre sur le lit tout habillé, sans drap ni couverture. On entend sa respiration.
Il le filme marchant dans un parc ou le long d’une balustrade. La caméra le suit. Le plus souvent il est donc vu de dos. On entend le bruit des pas.
Il le film jouant aux échecs. Le cadre est fait sur l’échiquier avec les mains qui déplacent les pièces, sans voir les joueurs. On entend le claquement des pièces déplacées sur l’échiquier.
Il le film se baignant dans une rivière. On entend le bruit de l’eau et le chant des oiseaux.
Dans tout le film on n’entend que très peu de dialogue. Le père et le fils ne sont pas bavards. Ou ils n’éprouvent pas le besoin de parler.
Il y a quand même dans le film un échange verbal entre le père et le fils. Le père explique au fils qu’il ne peut pas être entièrement autonome mais que, maintenant qu’il a 19 ans, il pourra être de plus en plus autonome.
Ainsi, on comprend peu à peu, que le fils est porteur d’un handicap. On peut sans doute penser à l’autisme, sans qu’on puisse savoir de quel type d’autisme il s’agit.
Un père réalise un film sur son fils autiste. Est-ce un film sur l’autisme ?
Le film de Philippe de Jonckheere est un film vide. Parce que la vie de son fils qu’il filme est une vie vide. Il dort, il marche, il joue aux échecs, il se baigne. C’est déjà beaucoup pour évoquer l’autisme. C’est bien peu de chose pour faire un film.
Le film de Philippe de Jonckheere porte un titre bizarre, Un café allongé à dormir debout, un titre long, qui veut dire beaucoup de choses. Un titre qui est peut-être humoristique, ou sarcastique, ou dérangeant. Contrairement au film lui-même, il n’est pas vide du tout. Le cinéaste aurait pu choisir « l’homme qui dort » comme titre. Mais il était déjà pris.
Cinéma du réel, Paris, 2023.