Cinéaste français (1928- 2015)
Plus qu’un cinéaste engagé, Vautier est un cinéaste combattant. Toute sa vie et dans tous ses films il garda intact cet enthousiasme de la jeunesse qui le fit se révolter contre le colonialisme français lors de son premier voyage en Afrique. Un combat sans concession malgré les poursuites, les condamnations, le harcèlement incessant dont il fut l’objet. Dans les années 50, montrer ce qu’était vraiment la présence française sur le continent noir, l’exploitation de ses richesses au seul bénéfice des blancs et surtout le fait de considérer les africains comme de sauvages, des sous-hommes, tout juste bon à donner leur force de travail, montrer par le cinéma tout cela était d’un nécessité absolu pour Vautier. C’était inacceptable pour l’Etat colonial, car ces idées ne pouvaient que finir par être majoritaire, même s’il fallait du temps pour cela. La même foi combattante ne pouvait que se manifester aussi à propos de l’Algérie et sa « sale guerre ». Vautier s’engagea sans réserve auprès des combattants pour l’indépendance, et par seulement par les moyens du cinéma.

Dès 15 ans, il s’engage dans la résistance et est décoré de la Croix de guerre à 16 ans ! Après des études secondaire à Quimper (il est né en Bretagne) il entre à l’HIDEC dont il sort diplômé de la section réalisation. Son premier film sera déterminant pour la suite de sa carrière. L’histoire de ce film, Afrique 50, est à elle seule caractéristique des rapports du cinéma engagé avec les pouvoirs en place. S’il s’agit d’une commande de la Ligue de l’enseignement, Vautier en détourne vite le projet et tourne clandestinement puisqu’il n’obtient pas d’autorisations. Il sera l’objet de 13 inculpations et d’une condamnation à la prison. Mais le film connaîtra malgré tout une diffusion militante importante.

Après avoir rejoint le maquis algérien, il sera directeur du Centre Audiovisuel d’Alger de 1961 à 1965. En France, il fonde en 1970 l’Unité de Production Cinématographique Bretagne (UPCB). En 1968 il participe aux Groupes Medvedkine avec Chris Marker et Jean-Luc Godard entre autres. En 1973, il entame une grève de la faim de 31 jours pour protester contre la censure politique vis-à-vis du cinéma Il fonde en 1984 une société de production indépendante : « Images sans chaînes », pour pouvoir donner des moyens à ceux qui comme lui veulent développer un « cinéma d’intervention sociale ».

Son œuvre mêle fictions et documentaires, souvent des courts métrages ou des coréalisations. Le plus connu, Avoir vingt ans dans les Aurès (1972) poursuit sa lutte anticolonialisme.
René Vautier a fait l’objet de plusieurs films hommage dont Le Petit Blanc à la caméra rouge, de Richard Hamon (2007), mêlant des extraits d’Afrique 50 et des entretiens avec le cinéaste, chez lui en Bretagne. Nous le suivons aussi en Afrique, dans les villages où il est accueilli en ami. Une longue amitié..

