Cinéaste française (née en 1955)
C’est une cinéaste complète…une femme à tout faire dans le cinéma.
Qu’on en juge par cette présentation qu’on peut lire sur le site d’Allo Cine :
« Actrice, réalisatrice, scénariste, directeur de la photo, directrice de casting, monteuse, cadreuse ».
Elle sait tout faire au cinéma…, et pourtant sa biographie nous apprend qu’elle n’a pas appris le cinéma dans une école. C’est un cas relativement rare d’autodidacte…du cinéma…ce qui nous alerte déjà sur son esprit d’indépendance.
Quelques autres points de sa biographie.
- Elle est née en Grande Bretagne, ce qui ne me semble pas particulièrement significatif de son œuvre.
- Par contre on nous dit qu’elle a passé son enfance dans le Var…ce qui est sans doute plus important puiqu’un certain nombre de ses films sont situés en Provence ou sur la Côte d’Azur : Coûte que Coûte, mais aussi Mimi ou 800 km de différence.
- Si elle n’a pas fait d’étude cinématographique sa biographie précise qu’elle a fait des études d’ethnologie, d’arabe et de berbère.
Son cinéma a-t-il une tournure ethnologique ? je ne prétends pas répondre. Je mentionnerais simplement que beaucoup de ses films documentaires sont des portraits :
- Les Patients est bien le portrait d’un médecin généraliste, mais aussi
- Mimi est explicitement le portrait d’une femme
- Coûte que coûte est le portrait d’un chef d’entreprise
- 800 km de différence est le portrait d’une adolescente, comme d’ailleurs ça brûle, un de ses films de fiction.
- Le bois dont fait les rêves, peut être considéré comme le portrait d’un lieu, le bois de Vincennes, et Géographie humaine celui de la gare du nord à Paris.
En tant qu’actrice, elle a joué dans le film de Marie-Claude TREILHOU « Un petit cas de conscience », film a petit budget, donc sans acteurs vedette, puisque ce sont des réalisateurs de cinéma qui jouent, alors qu’ils n’ont aucune formation d’acteur.
En portant un rapide regard sur son œuvre on peut mentionner des thèmes qui semblent caractériser son cinéma.
- D’abord la présence des femmes : Mimi (déjà cité) mais aussi et peut être surtout : Les Bureaux de Dieu, et dans son œuvre de fiction, Sinon, oui, qui est l’histone, inspirée d’une histoire vraie, d’une femme qui s’invente une grossesse.
- Ensuite un regard particulier sur l’adolescence, là aussi d’ailleurs au féminin, ave une approche focalisée sur les sentiments amoureux, avec 800 km de différence, et donc ça brûle qui est l’histoire d’une adolescente amoureuse (de façon passionnée) d’un pompier, beaucoup plus âgé qu’elle. Dans Premières solitudes, elle nous propose une série d’entretiens, ou plutôt d’interviews, avec une dizaine de lycéennes et de lycéens qui sont tous moulés dans le même moule – ils ont les mêmes interrogations, les mêmes inquiétudes, les mêmes envies, les mêmes désirs.
- Quant au cinéma lui-même, c’est un thème qu’elle aborde dans plusieurs de ses derniers films comme Le concours, concernant la sélection à l’entrée de la Fémis, et surtout sa série documentaire, Le Village, (La série comporte 20 épisodes d’environ 30 minutes et une version de 10 X 52 minutes) consacrée à Lussas, ce haut lieu du documentaire, avec en premier lieu les Etats généraux du film documentaire, ce festival non-compétitif qui réunit chaque année fin aout la grande majorité de la production documentaire mondiale de l’année en cours. Mais le centre de la série porte plutôt sur la conception et le lancement de la plateforme Tënk, qui propose par abonnement une sélection mensuelle de films documentaires de toute nationalité et de tout horizon cinématographique. De toute cette matière très riche elle a tiré un long métrage, Le Fils de l’épicière, le Maire, le Village et le Monde, centré sur la personnalité du maire du village, Jean-Paul Roux, disparu depuis la sortie du film, et de Jean-Marie Barbe, sans qui Lussas ne serait pas Lussas.
Si elle est surtout connue comme documentariste, on ne peut négliger son travail dans le domaine de la fiction, qu’elle aborde d’ailleurs souvent avec un regard « documentaire ». Le cas le plus typique est Les bureaux de Dieu. Tous les rôles sont tenus par des actrices, mais ils sont directement issus d’une longue enquête sur les femmes qui fréquentent le planning familial. Si Claire Simon n’en a pas tiré un documentaire à proprement parler, c’est en grande partie pour préserver l’anonymat
Autre enquête quasi sociologique menée par Claire Simon, la gare du nord à Paris, avec ses usagers de toute sorte. La cinéaste en a tiré deux films « jumeaux », une fiction intitulée simplement Gare du Nord et un documentaire, 1955, un film de rencontres. Avec les voyageurs, la tâche n’est pas aisée. Ils sont presque toujours pressés, ils surveillent l’heure du coin de l’œil. Les échanges sont brefs et restent superficiels. Il en va quand même autrement avec les sédentaires de la gare, ceux qui y travaillent, dans le ménage des toilettes ou des escalators ou dans les boutiques et autres restaurants.
Signalons son site web, http://clairesimon.fr/
Le cinéaste Luc Forveille lui a consacré un film documentaire, Les histoires de Claire Simon, où elle commente souvent longuement ses premiers films, de 800 km de différence à Géographie humaine en passant par Récréations et Mimi, le tout illustré par de nombreux extraits.
